J'aime souvent me rappeler, non sans une certaine nostalgie de l'effervescence Rock du début des années 2000. N’ayant peu eu accès au dieu internet, je regardais la vague prendre forme depuis ma bible personnelle : Rock & Folk.
On voulait y croire à ce Revival Rock, que les médias de masse viendraient scruter avec intérêt cette nouvelle scène en expansion. Nos nouveaux héros de teenagers fleurissaient : The Strokes, The White Stripes, Queens Of The Stone Age, Arctic Monkeys, et bien sur, The Libertines.
Vous connaissez la suite, le phénomène aura eu sa petite emprunte au sein de l'industrie musicale sans jamais créer l'engouement massif et populaire, tant attendue par les petits gars de ma génération.
The Libertines fut l'un de mes premier amours. J'aimais l'alliance précieuse entre ses deux têtes pensantes, opposées mais en symbiose. D'un côté le rockeur qui suintait les effluves de stupéfiants des vieux quartiers Londoniens et de l'autre le dandy à la voix claire sapé à la Brian ferry.
Ensemble ils faisaient fleurter le doux et le crade, la finesse et l'imprécision cadenassé dans une formule maîtrisée.
The Libertines renouait avec les élans 70's so English, riffs véloces, et mélodies entêtantes dans la pure tradition de la pop British. Le tout tout sous un parfum de Garage Rock, décoinçant les chemins trop balisés de leurs influences.
Le groupe signa ainsi deux albums que je considère comme majeurs dans la scène Rock des années 2000.
De retour après de nombreuses années de vagabondages, au sein desquelles Doherty n'a pas oublié de disséminer quelques classiques. The Libertines livre sa nouvelle production "Anthems for Doomed Youth ".
& c'est un album pour lequel j'ai du mal à retranscrire un avis exact, tant il est finalement difficile de lui reprocher des fautes de goûts majeurs, ou de réels écarts vis à vis de mes attentes.
Une chose est sur, il pêche sur un point : Son incapacité à produire des Hits marquants. Car un grand album Rock se doit d'avoir quelques Killers Tracks, celle qui vous font violer le bouton Replay jusqu’à l'indigestion. Même avec la présence de morceaux aboutis comme "Heart of the Matter " ou "You're My Waterloo" l'album peine à se trouver un pic.
Notamment du fait d'une hiérarchisation des tracks pas forcément idoine, qui témoigne de passages à vide compromettants.
Puis enfin, et c'est là que mon analyse sera assez personnelle, mais j'ai l'impression qu'il s'est perdu quelque chose dans la bataille depuis le dernier opus; Une part d'animalité, d'instinctivité, de naturel.
Le rendu global est peut-être trop soigné dans son mixage et moins surprenant dans ses structures.
Il manque aussi ce petit sentiment que j'avais en écoutant les précédents opus, du genre : "Putain ils ont agencé le morceau de cette manière, c'est un peu nawak', mais c'est fou comme ça fonctionne du feu de dieu".
En fait cette harmonie entre Doherty & Barat évoqué en préambule de ma critique, n'était juste pas pour planter un décors mais pour vous faire comprendre ce qui faisait le côté unique du son Made In Libertines. J'ai l'impression que cette complémentarité s'est estompée, emportant avec elle une partie de l'identité et l'originalité de l'oeuvre des Anglais.
Enlevant sa force de l'immédiateté & de l'inattendu.