Triomphant sur tout ce qu’il touche, le prolifique et infatigable Donald Glover délaisse le rap pour un hymne puissant au groove des années 70. En effet, La carrière de Donald Glover ne s’offre pas la moindre pause. Comédien et humoriste en vogue depuis le succès de la sitcom Community en 2009, rappeur à plein temps sous le nom de Childish Gambino, l’intrépide des faubourgs d’Atlanta débarque sur la scène musicale, attention, âmes sensibles s’abstenir.
Qui aurait cru ? Après deux albums savamment décriés par la critique, qui aurait cru à un retour aussi retentissant ? Pas le moins du monde et c’est en se mutant en George Clinton contemporain que Childish Gambino amorce son projet. A l’image du flamboyant leader de Funkadelic, auquel il rend un vibrant hommage dès le premier morceau (« Me and your mama »), il prend les commandes d’un vaisseau cosmique qu’il propulse dans plusieurs âges de la culture noire américaine pour s’échapper dans une grande nouba psychédélique.
La production est une aventure de tous les instants. Majestueuse, ambitieuse, truffée d’idées insensées et pleine de clins d’oeil à une histoire que Childish Gambino maîtrise à la perfection, celle de Sly Stone, de Parliament ou de Prince, dont il adopte le falsetto avec virtuosité.
L’exercice rétro/revival a forcément ses limites, mais Donald Glover, chroniqueur astucieux de l’Amérique noire moderne, lui apporte feeling et grain de folie et ainsi génère paradoxalement le sentiment d’une évanescence sonore pleine de modernité grâce notamment à l’utilisation minutieuse de l’autotune.
Sorti de sa chrysalide, cette production est un essai pour l’américain, il quitte ainsi le genre qui a dominé ses deux précédents albums pour s’aventurer en terrain inconnu. Est-il soudain devenu le nouveau Prince, en tant que virtuose multi-instrumentaliste en quête d’un monde incertain en pleine mutation ? Non, c’est bel et bien Donald Glover, un homme capable de se produire sur scène, jouer de la comédie et de sortir un album d’une explosion jouissive sans précédent. Il était simple de rêvasser dans le nerd rap de Childish Gambino autrefois, Awaken my love.