Alors qu'Indochine nous a habitué à un écart de trois à quatre ans entre deux albums, le groupe n'avait rien sorti depuis 13, ou presque. En effet on a eu droit aux singles Nos célébrations et 3SEX et à une grosse tournée pour leurs 40 ans de carrière qui ont mené à un film et un album Live, ce qui n'est pas rien.
Je n'avais pas beaucoup aimé 13 car je trouvais les chansons en majorité peu mémorables et j'avais du mal avec la voix de Sirkis sur cet album. Sept ans plus tard, le groupe revient avec un double-album histoire de compenser cette longue absence et le but de la démarche était aussi d'avoir un prétexte pour partir dans tous les sens.
Cette envie de partir dans tous les sens qu'on retrouve dans l'outrance de la pochette, c'est surtout aux textes qu'elle s'applique. Une fois qu'on a compris une phrase, difficile de faire le lien avec la suivante, l'écriture de Nicola Sirkis étant plus décousue que jamais. Mais personnellement ça n'a jamais été un aspect d'Indochine qui me fascinait particulièrement. Ce que je veux dire c'est que je m'en fiche que leurs textes soient incohérents tant que la musique est bonne. On a beaucoup de titres sur un tempo assez similaire (un genre de mid-tempo quasi-constant sur la plupart des titres de l'album) mais le groupe développe plusieurs ambiances notamment à travers les sons de synthé et les choix d'orchestration un peu plus épiques (un orchestre ou des "cuivres" qui viennent les rejoindre). En ce sens j'ai pas mal aimé Victoria et son changement de tonalité inattendu ou La belle et la bête qui lorgne sur le reggae même si c'est très synthétique dans les arrangements. J'ai bien aimé Le garçon qui rêve qui contraste justement pas mal avec le reste de l'album car c'est un orchestre qui est mis en avant pour accompagner la voix, pas les synthés. Dans En route vers le futur si je ne me trompe pas ce sont les enfants des membres du groupe (et de Stéphane Sirkis puisque Lou était de la partie) qui chantent ces chœurs qui reviennent plusieurs fois. C'est assez mignon mais au-delà de l'aspect sentimental j'aime bien l'idée d'avoir des chœurs imparfaits pour faire un refrain ou un gimmick car ça vient injecter beaucoup d'humanité au morceau qui comme le reste de l'album reste très produit.
Le morceau Babel Babel a pas mal de potentiel mais je trouve que la batterie met du temps à arriver et que ça gâche un peu le plaisir. Je l'aurais davantage vu en ouverture du premier disque que du deuxième mais c'est un choix du groupe que je respecte.
Les titres sont longs pour permettre aux refrains de bien rentrer dans notre crâne et ça fonctionne. Rien qu'en une écoute j'arrivais à me souvenir de quelques mélodies là où pour 13 c'était plus compliqué, même si de mémoire je connaissais déjà le single La vie est belle quand j'ai écouté 13 pour la première fois. Ça donne des mélodies que je trouve très plaisantes comme dans la chanson Tokyo Boy par exemple qui n'a rien d'innovante pour du Indochine mais qui passe bien.
Seul au paradis qui vient clôturer l'album m'a un peu fait penser à La lettre de métal mais en plus sobre. Les seuls points communs sont l'usage de la caisse claire et les arrangements d'abord axés sur le piano qui vont devenir de plus en plus conséquents au fil du morceau mais ça m'a bien plu.
En bref je n'irais pas jusqu'à dire que c'est le meilleur album d'Indochine depuis un moment parce que vous savez y'a toujours cette histoire de goûts et de couleurs, mais sans être au niveau de La république des meteors, Babe Babel fait partie des disques du groupe qui m'ont le plus plu dès la première écoute depuis ces 15 dernières années.