Ah, cette connivence de la presse spécialisée à l’égard de certaines stars du R’n B ! Sans doute sous couvert des dernières audaces imprévisibles (et par ailleurs discutables) de Kanye West, on a désormais régulièrement droit à la mise en avant par la critique d’artistes (?) dont la sensualité, certaine, peine cependant à voiler une gigantesque putasserie. Beyoncé est de ceux-là.
Son dernier album, volontiers érigé au rang de quasi chef d’œuvre, ne fait ni plus ni moins que lorgner vers la même pop surproduite pour bagnoles tunées que celle de ses consœurs et confrères. La supercherie, ici, consiste à essayer de nous faire passer Beyoncé pour une diva inspirée, se livrant sans fard, alors que tous les procédés (image médiatique, musique ultra balisée, minauderies vocales devenues le passage obligé pour chaque star féminine du genre) convergent vers une seule constatation : elle est désespérément comme les autres – toute petite héritière d’un Michael Jackson (« Blow ») dont personne officiant dans le genre du R’n B ne semble réaliser qu’il est désormais bien mort et enterré (artistiquement depuis vingt ans) –, assujettie à la loi du milieu.
Ce milieu qui exige de vous, lorsque vous êtes une femme, d’exhiber votre superbe corps pour faire saliver des mâles béats, souvent peu enclins à voir derrière deux ou trois titres dansants admirablement troussés une véritable mascarade promotionnelle. Ce même milieu qui n’hésite pas à promouvoir l’une de ses vedettes les plus commercialisées (Beyoncé donc) comme une figure de proue politique : tenez vous bien, la donzelle serait féministe ! Mais quelle féministe accepterait la mièvrerie dont l’Américaine use et abuse dans ses paroles comme dans ses mélodies (« Mine ») ? Quelle féministe croirait sincèrement à cette association un peu grotesque (quoique parfois amusante) de sensibilité à fleur de peau et de pétasse attitude assumée ?
Si l’on s’attarde tant sur les à côtés et peu sur la musique de Beyoncé à proprement parler c’est qu’il n’y a pas grand-chose à en dire. Le produit (est-ce autre chose ?) n’est ni mieux ni moins bien ficelé que, au hasard, le dernier M.I.A. A savoir que tout est formaté – à moins de bien vouloir s’extasier sur le fait que certains titres dépassent la durée d’un single radio : boîtes à rythmes usées jusqu’à la corde, basses funk de seconde zone, synthés guimauve… Il y a une sorte de business as usual derrière tout cela qui, au mieux, passe par une oreille et repasse par l’autre, au pire irrite. C’est que, franchement, on n’en peut plus de ces stars en carton-pâte qui monopolisent le temps de présence médiatique.