Premier double album de l'histoire du Rock, "Blonde on Blonde" est l'un de ces monuments que les critiques déballent à chaque nouvelle liste des plus grands,... des meilleurs,... etc... En fait, c'est un improbable foutoir (pour ne pas dire bordel) dans lequel Dylan tente de mettre toute sa bouillonnante créativité, sous la pression de la concurrence (Beatles et Stones, hé hé), des substances chimiques et des femmes, toutes sublimes, qui l'entourent. Il est difficile de bien comprendre de quoi il s'agit, hormis de l'un des premiers voyages sans retour du Rock, qui s'en fera une triste spécialité. Un accident de moto plus tard, ce Dylan-là n'existera plus. Jamais.
Et à propos de la pochette : Ce jeune homme - digne successeur des Rimbaud et Lautréamont - avait donc tout simplement changé le monde. Avec ses mots, sa voix, il avait enfanté une nouvelle époque, où la poésie la plus traditionnellement provocatrice s'alliait avec cette prise de conscience politique globale, qui allait sous-tendre le nouvel ordre géo-politique. Pourtant, c'était déjà une autre histoire, et Bob Dylan était déjà loin, flou devant l'objectif, passé du côté des fantômes ou revenu parmi nous, simples mortels ?
[Critique écrite en 2002]