C'est en accompagnant Ozzy Osbourne dans un registre Heavy Metal classique que Zakk Wylde dévoilera sa chevelure peroxydée (années 80 obligent) et son jeu si caractéristique au monde entier. Ses prestations sur No Rest For The Wicked et surtout le blockbuster No More Tears donnent un sacré coup de jus à la musique du Prince of Darkness (qui a toujours su bien s'entourer) et lui permettent d'accéder au firmament du Heavy Metal sauce US.
En 1995, Ozzy surprend tout son petit monde avec Ozzmosis, album coupant (a)droitement avec les précédents opus, offrant des compositions bien plus sombres, quasiment expérimentales. Wylde se dévoile alors un peu plus et fournit un très bon travail. Malheureusement, l'album n''est pas du même acabit.
Puis, Zakk quitte Ozzy.
S'enfermant dans son studio, le bonhomme (alors stylé façon bûcheron) compose et propose en 1996 son premier et seul effort solo Book Of Shadows. Cet album n'est pas dans la lignée d'un Ozzy Osbourne, ni d'un Black Label Society. Non, dessus, le blondinet musculeux nous sert un Folk Rock très orienté southern. Comme il le dira lui-même, ce genre musical est son premier amour. Et force est de constater que le bougre se démerde avec talent et classe !
Book Of Shadows laisse entrevoir un songwriting dont le mot "feeling" est la première base. Zakk Wylde, en plus d'être un formidable technicien de la six cordes, est doté d'une émotion "guitaresque" à toute épreuve, alignant ici des harmonies acoustiques d'une grande beauté (Sold My Soul, véritable perle dans le genre, les courtes mais très jolies Dead As Yesterday et Too Numb To Cry) supportées par quelques orchestrations discrètes mais présentes, qui confèrent ainsi une grandiloquence non exubérante et parfaitement maîtrisée. Rajoutons aussi les soli, spécialités du bonhomme, qui brillent encore plus qu'à l'accoutumée, Wylde y donnant vraiment tout son cœur (Road Back Home, Throwin' It All Away) et réussissant à faire monter les larmes aux yeux. Une chose similaire avec sa voix, sûrement sa meilleure prestation, entre cris déchirants et chant doux.
L'album a aussi une âme, une âme de sudiste. Il est très agréable d'écouter l'album en pédalant tranquillement sur sa bicyclette un Dimanche après-midi ensoleillé. On s'imagine alors être dans un bar enfumé, avec un verre de Jack Daniel's à la main, le Zakk chantant sur un petit tabouret tandis que la serveuse aux gros seins s'occupe des vieux croulants.
Souvent oublié dans la carrière du grand blond, Book Of Shadows mérite amplement ses lettres de noblesse, dévoilant une nouvelle facette du compositeur, sûrement la plus intéressante.
(critique publiée simultanément sur le site Nightfall sous le pseudonyme KingKilling)