Vald continue son petit bonhomme de chemin. Il s’est débarrassé définitivement de tout ce qui le rendait original. D’album en album, son équipe réajuste le produit aux tendances du marché. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le nivellement ne se fait pas par le haut. Flow ânonné débilitant, production abrutissante sans originalité, paroles et réflexions sans finesse qui se veulent une critique du système capitaliste marchand tout en en faisant l’apologie. Tout un concept.
L’art en tant qu’expression sublimée d’une vision du monde par un artiste, n’a plus rien à voir avec toute cette merde. Vald est un produit comme un autre qu’on positionne sur un marché pour générer de l’argent en comblant l’ennui grandissant d’une jeunesse illettrée, sans culture, pour qui finesse d’esprit et subtilité de réflexion rime avec mal de crâne et prise de tête. Faut que ça impressionne, que ça fasse du bruit, que ça insulte sa mère, que ça défoule, bref, que ça divertisse les cerveaux déjà sur-divertis de nos petites têtes blondes angoissées à l’idée de se retrouver coupées de leurs écrans et musiques récréatifs tant ils sont vides de tout. Vides de valeurs, vides de racines, vides de culture, vides de rêves, remplis de futilités.
Le pire chez Vald c’est qu’avec son discours pseudo dissident, les jeunes qui l’écoutent sont persuadés d’entendre la parole originale d’un artiste en lutte contre le système. Alors qu’il en est un produit bien calibré et même pas de première nécessité.
A ce sujet, il faut reconnaître à Vald une certaine franchise, pleine de sarcasme et de dérision, lorsqu’il dit en interview qu’il fait de la merde ou lorsqu’on le sent gêné de tout l’amour que lui témoignent les auditeurs invités à lui parler lors d’une émission radio à visée promotionnelle.
Lors de cette même émission d’ailleurs on le sent quelque peu diminué et mal à l’aise lorsque son manageur Merkus intervient dans le studio en bon marchand de tapi pour rappeler les offres promotionnelles liées à l’achat de son produit. La technique de vente est grossière. C’est une technique qui faisait naguère fureur auprès des retraités. Comme un vulgaire ticket à gratter, si tu as la chance de tomber sur la bonne pochette, tu gagnes une après-midi backstage avec toute l’équipe, alors dépêche-toi d’acheter.
Pourtant Vald ne parle que de ça. Avide de réussite et d'argent, il représente bien sa génération. Une génération qui a abdiqué face au grand tout capitaliste et consumériste, frustrée de tout et ne supportant aucune frustration, une génération qui ne rêve plus, ou plutôt qui a intégré bien sagement qu’il ne peut y avoir de rêve sans réussite financière, que la réussite d’une vie est intimement liée aux notions de vente, de profit, qui n'imagine le bonheur que dans la satisfaction immédiate des plaisirs et ou la valeur d’un individu se mesure à la place qu’il occupe dans les rayons du grand marché mondialisé.