Chronic town, poster torn, reaping wheel.
5 Avril 1980. Dans la ville d'Athens (Géorgie, aux États-Unis), a lieu un concert d'un petit groupe local, dans une vieille église, qui détermine son nom ce même jour : après avoir envisagé pour plaisanter des noms comme Can of Piss ou Negro Wives, le groupe tombera d'accord pour s'appeler R.E.M. (rapid eye movement), correspondant à la période de sommeil paradoxal durant laquelle se déroulent les rêves. Ce nom étant choisi notamment pour que le groupe ne soit pas fixé dans un genre musical particulier (et parce que les membres étaient tombés dessus au hasard dans un dictionnaire, accessoirement).
Le groupe est formé de 4 membres, Bill Berry, le batteur au monosourcil (qui fait également une troisième voix), Mike Mills, bassiste et seconde voix, Peter Buck, guitariste et Michael Stipe, le chanteur principal.
Dans un premier temps, ils sortent un premier single en 1981, vendu à 1000 unités, Radio Free Europe (qui sera retravaillé pour reparaître dans une version plus dynamique dans Murmur).
Ce premier succès leur permet alors d'obtenir l'accord d'une petite maison de disque pour produire un EP, Chronic Town, en 1982.
L'ambiance est posée. Guitare en arpèges au son étincelant, batterie dynamique et claire, basse structurée et intelligente, voix sombre aux paroles incompréhensibles renforcée par deux autres voix. Musicalement, c'est moderne à partir de vieux, c'est rafraîchissant, et brise la monotonie du Rock des années 80.
Le disque s'ouvre sur Wolves, Lower, une chanson sombre et incroyablement énergique (surtout la version rapide exceptionnelle sur YouTube), qui semble parler de paranoïa et de schizophrénie (Suspicion yourself, suspicion yourself, don't get caught), et trouve son point d'orgue dans le refrain où Stipe tombe mélodieusement en larmes.
Gardening at night, la première "vrai" chanson écrite par le groupe, est quant à elle beaucoup moins sombre, et montre à quel point la guitare par arpèges offre de la légèreté à une chanson, permettant de soutenir le murmure du chanteur.
Carnival of Sorts continue dans la lancée, et se montre la meilleure chanson de l'ensemble, par son énergie incroyable.
En gros, on a un début incroyable pour le premier EP du groupe.
L'album perd malheureusement un peu de sa superbe sur les 2 derniers titres, 1,000,000 est anecdotique et en agacera plus d'un.
Stumble relève la barre, et reste une bonne chanson, sans atteindre le niveau des 3 premières chansons.
En bref, le premier acte de R.E.M. est une réussite, et laisse alors à espérer une suite tout aussi bonne. Espérance complétée par ce que deviendra le groupe.