Confection
6.4
Confection

Album de Sébastien Tellier (2013)

Sébastien Tellier n'a pas perdu le fil

Tout va bien ! Sébastien Tellier ne s'est pas perdu dans les nimbes de son délire électro-prophétique. Après My God Is Blue, la résurrection ?


On parle d'album concept pour cet opus, j'aurais plutôt tendance à dire que c'est justement le concept qui manque ici. Les belles compositions et les mélodies touchantes ne sont pas portées par un thème particulier, une ambiance précise, comme sur les précédents albums. Sebastien Tellier a dépouillé son oeuvre du superflue et de toutes paillettes. Un travail de transparence qui paye.


J'appose plutôt le terme de démo à cet d'album. Pas au sens de maquette ou de pré-album, mais au sens de démonstration musicale. Après un My God Is Blue déroutant Sébastien Tellier semble vouloir nous rassurer en livrant un retour aux sources minimaliste mais bien senti. Il y démontre son sens de la mélodie et son incroyable don pour la composition.


A la manière des grands couturiers, l'artiste dévoile une collection de titres bâtie autour d'un thème principal. En cela, l'album peut paraître répétitif ou ennuyeux à l'oreille de certain(e)s. Pourtant, tout le travail de Tellier réside dans la subtilité de sa composition. Comme un parfum les notes de tête, de coeur et de fond, si différentes soit elles, s'accordent pour délivrer une effluve unique. Les morceaux sont parfois lumineux ('Coco'), sombres ('Curiosa') ou romantiques ('Delta Romantica'). Bémol pour le morceau un peu déglingué 'Waltz' qui dénote un peu trop dans la trame principale. Mais mention spéciale pour l'ouverture 'Adieu' (une déclaration Monsieur Tellier ?) à la voix lyrique et à la basse aux très lointains accents funk dans son premier mouvement. 'Hypnose' est incontestablement la perle de l'album et viendra rejoindre la grande 'Ritournelle' de Politics que 'L'Amour Naissant' tente de reprendre sans vraiment convaincre. On passera assez vite sur ce seul morceau chanté pour se référer plutôt à son troisième mouvement ('L'Amour Naissant III') qui illustre à lui seul Confection, beau dans une fausse simplicité, une mélodie entêtante, un tempo entraînant et une atmosphère contemplative.


Les notes de fond de l'album oscilles entre pianos et guitares classiques joués en arpèges. La partie rythmique est assurée par une batterie feutrée au tempo soutenu qui vient moderniser l'ensemble et donner un touche jazz à la manière de ce que fait le collectif Limousine. Le tout est tenu par des cordes très présentes. L'ambiance intimiste rappelle les belles compositions cinématographiques de l'italien Daniele Luppi.


Sebastien Tellier pratique l'art de jouer avec quelques mélodies pour en faire une oeuvre entière à la manière des compositeurs classiques qui déclinent un thème en plusieurs mouvements. Le barbu n'est pas là que pour amuser la galerie et se place aux côtés des compositeurs modernes. Un bon retour aux fondamentaux qui nous permet d'espérer un joli chef d'oeuvre pour le prochain album.

Bergamotte
7
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le 17 mars 2014

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