D’aucuns avaient vu dans Oracular Spectacular des débuts en fanfare. Mouais. En fait, juste trois singles et puis s’en vont. Mais quels singles ! Des bombes pop, d’une beauté confondante (« Time To Pretend », « Electric Feel », « Kids ») qui juraient presque avec le contenu principal de leur premier opus, beaucoup plus banal. Eh bien, il faut le reconnaître, MGMT a vraiment décontenancé son monde en sortant un deuxième disque, Congratulations (2010), en forme de concept album. Malheureusement, l’effet de surprise passé, de nets défauts apparaissent et entretiennent le duo dans son statut d’espoir non confirmé.
Certainement prévu pour être écouté d’une traite (unité de son et d’esprit), ce deuxième disque s’aborde difficilement ; on pourrait même dire que la pop progressive seventies, riche et structurellement complexe, n’est pas loin… Aussi, la première chose qu’il nous faut admirer chez ce jeune binôme, c’est son courage. Alors qu’ils avaient probablement tout en mains pour nous pondre un jumeau d’Oracular Spectacular, ils se lancent dans une succession de titres sans réel refrain fédérateur, des titres suffisamment décousus pour échapper définitivement à l’étiquetage « single ».
En ce sens, Congratulations est un disque qui s’apprivoise donc assez mal. Mais quand on s’y attarde on voit se détacher une succession de chansons pop intemporelles, d’une belle vitalité, notamment dans la première partie. Cependant, le rêve s’évapore dès lors que Ben Goldwasser et Andrew VanWyngarden poussent leurs chansons vers le progressif tel qu’on le connaît, l’historique, à savoir le morceau de bravoure de plus de dix minutes. Ce ne sera pas leur faire offense que de dire que « Siberian Breaks » est raté. Parce qu’il renvoie immédiatement à une époque précise (fin soixante, début soixante-dix), à un genre aux contours très définis (la pop progressive donc, seulement en filigrane à ce stade de l’album et ostentatoire sur ce titre), et donc à ses cadors (Genesis en tête), « Siberian Breaks » s’écroule sous le poids de ses influences et ne devient qu’une simple copie carbone de standards du genre. Les différentes parties du morceau s’articulent mal, le retour à la mélodie d’ouverture est prévisible, bref l’exercice de style est un échec.
Dès lors, MGMT ne retrouve jamais vraiment la grâce des cinq premiers titres, entre un « Brian Eno » gentillet mais un peu émoussé, un « Lady Dada’s Nightmare » ambient un peu chiant et enfin la chinoiserie « Congratulations », avec sa mélodie orientaliste en guise de seule idée. En définitive, MGMT ne montre avec Congratulations qu’une autre facette de sa personnalité : celle d’un binôme qui pourrait construire un album superbe de pop complexe et aérienne. Au même titre qu’on les sentait capables avec Oracular Spectacular de sortir une collection de tubes imparables.
Mais tout est là, dans cette possibilité qui ne s’accomplit finalement pas, dans ce talent que l’on sent bien réel mais qui n’éclot pas totalement. Alors, MGMT, éternel espoir ? Peut-être pas. L’évolution notable, bien que pas totalement concluante, entre ces deux premiers albums inquiète, soit, mais fascine aussi. On écoutera donc le prochain en se disant que cette fois-ci, ce sera peut-être la bonne !