[...] Il suffit simplement de prêter une oreille à l'entame des hostilités pour s'en convaincre. « The House Of Shame » se pose là comme du bon metal formaté moderne à l'américaine. Grosses guitares massives sous-accordées pour rappeler les sonorités neo en place depuis maintenant dix ans qu'on aurait booster pour atteindre du quasi-metalcore sur lesquelles on accole une approche déstructurée très djent. Avec une certaine parcimonie histoire de conserver les structures simples et formatées, non dénuées d'ambiances un chouïa goth, chères au combo. Mais ce qui laisse sur le cul, c'est entendre Andrea Ferro s'égosiller de façon aussi agressive. C'est bien simple : on se demande si on ne lui aurait enfin greffer une paire de couilles. Et enfin, on a l'impression que le bougre sert à quelque chose dans le schmilblick. Certes, on se retrouve là avec un schéma classique du genre, à savoir une dualité masculine agressive/féminine mélodique, mais qui fait toujours mouche et colle dans le cadre de la musique de Lacuna Coil une nouvelle dimension qui ne peut que lui faire du bien.
L'ensemble de la tracklist ne s'inscrit pas dans cette direction introductive, même si on la retrouve sur une grande majorité. Malheureusement, les Milanais se laissent parfois avoir dans les travers opérés en 2009 et 2012, à savoir se perdre dans une soupe formatée trop juvénile et très « rock copaiiiiinnnn ». Il suffit d'entendre les refrains de « Broken Things » ou encore « Ghost In The Mist » et leurs « One, two, three » et « It's my life » ne pouvant véritablement parler qu'à des adolescents pré-pubères en mal de sensations fortes tellement c'est gerbatif de niaiserie brise-crâniesque. Heureusement, d'autres passages comme « Blood, Tears, Dust » ou « My Demons » (pour lequel on pourrait presque percevoir des relents du vieux Lacuna Coil de Comalies) s'avèrent plus convaincants et inspirés. De cette débauche de sang neuf, les Italiens n'ont pas pour autant décidé de jouer la carte de la radicalisation pure et simple comme il avait pu le faire la décennie précédente. C'est ainsi que l'on retrouve un « Downfall » qui n'aurait pas fait tâche sur son méfait précédent tant on y retrouve cette même ambiance mélancolique. Alors que des titres comme le single « Delirium », « Take Me Home » ou encore « Claustrophobia » s'inscrivent comme du Lacuna Coil pur jus où sa charmante frontwoman est mise à l'honneur dans une débauche de mélodies accrocheuses qui rentrent dans les crânes en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Sans non plus s'avérer d'une évidence instantanée, des ambiances plus subtiles qu'il n'y paraît en premier lieu faisant qu'il faille plusieurs écoutes pour discerner tout leur potentiel.
Même si le combo milanais se montre parfois maladroit, Delirium s'impose comme le meilleur disque qu'il ait pu proposer depuis Karmacode. Non pas pour sa perfection mais de par l'innovation et le renouvellement de son identité qui est très loin d'être inintéressante, même si elle peut sembler un brin opportuniste de par cette grande part d'américanisme. Mais d'un autre côté, c'est un peu ça qui fait le charme de Lacuna Coil, à supposer qu'on y adhère : son côté formaté bourré de facilité immédiate (à condition qu'il ne s'enfonce pas dans le simplisme juvénile), douce et légèrement sucrée. A croire que les importants bouleversements de line-up ont été plus que bénéfiques pour la survie du groupe. En espérant que les Transalpins continuent sur cette lancée d'expérimentation, voire de radicalisation, dans le futur...
La critique entière figure sur Core And Co, n'hésitez pas à aller y faire un tour !