DESTINY (1978) est le troisième album des Jacksons sous le drapeau Epic après THE JACKSONS (1976) et GOIN' PLACES (1977). Et ce troisième essai fut le bon, celui de l'émancipation sans d'autres producteurs qu'eux-mêmes, mais surtout celui de la qualité musicale totale. Seule la chanson Blame it on the boogie fut composée et écrite par d'autres.
Ce disque nous plonge dans une production à la teinte Soul/Funk/R&B — d'aucuns diront Disco —, où s'entremêlent batterie, basse, claviers (piano Rhodes, piano, orgue, clavinet, vibraphone, synthétiseur), guitares (électrique et acoustique) et cuivres. Nous retrouvons également des cordes, essentiellement présentes sur les titres au tempo plutôt lent. L'album est très homogène d'un morceau à l'autre dans sa couleur musicale. La production est de haut vol, compositions, arrangements et mixage élégants. Michael Jackson assure le chant sur tous les titres (avec l'intervention de Jackie Jackson sur Bless his soul) tandis que les frères s'occupent des chœurs. Chez les musiciens, sont crédités entres autres Greg Philinganes (claviers), Paul Jackson Jr (guitare) et Paulihno Da Costa (percussions) qui seront de l'aventure solo de Michael Jackson avec Quincy Jones.
Si l'aspect commercial m'importe peu, toutes les chansons avaient un potentiel pour sortir en simple tant elles sont de qualité équivalente. Tout de même, malgré son succès, Shake your body est, pour ma part, la moins intéressante de l'album, trop redondante et trop longue même, je lui préfère infiniment plus l'autre tube dansant, Blame it on the boogie, le méconnu All night dancing et son rythme effréné à la basse frappée ou encore l'entraînant Things i do for you. Et quoique j'ai toujours préféré les chansons rythmées, la balade Push me away, ses violons, ses guitares filtrées et sa petite flûte trouvent toute grâce à mes tympans. Destiny et son introduction à la guitare acoustique, Bless his soul et son introduction aux piano Rhodes et vibraphone sont les deux étoiles peu connues de cette œuvre, deux titres au moyen tempo où la voix suave de Michael Jackson nage tantôt entre les guitares rythmiques et les cuivres, tantôt sur les quelques flots de violons. Du grand art musical pop. L'album se termine par That's what you get (for being polite), chanson plaisante dans laquelle s'agitent piano, cuivres, violons (joués en nappes et en pizzicato), guitares et petit solo de synthétiseur.
En somme, ce DESTINY (1978), c'est de l'orfèvrerie musicale dépouillé de cette vulgarité qu'est le Disco bien qu'il en serait prétendument habillé selon certains ; il est d'ailleurs tout à fait scandaleux d'oser jeter cette merveille dans cette catégorie !
Note : 9/10. Disque de qualité supérieure qui s'écoute d'une traite sans problème. Aucune chanson ne se zappe (à part peut-être l'interminable Shake your body). À mes oreilles, il s'agit du meilleur opus des Jacksons (Jackson 5 compris) avec TRIUMPH (1980). C'est le début de l'apogée musicale de Michael Jackson, un apogée qui débutera avec cet album pour aller s'évanouir quelque part dans la première moitié des années 1990.