Que serait l’histoire du rock sans la drogue ? Un album très sombre avec trois monstres de foire sur la pochette, des guitares au son lourdingue, des textes apocalyptiques de fin du monde. We are the Dead et 1984 sonnent encore très bien. Sur ces titres, le chant de Bowie me plait beaucoup ainsi que Candidate/ Sweet Thing. Avec les sorties des inédits et bonus de Candidate et de 1984/Dodo, on découvre dans cet album un Bowie, qui vampirise la cocaïne dans des quantités astronomiques, à la voix grandiloquente et théâtrale. Bien chargé de poudre blanche, David est bel et bien un drôle de mutant hypnotique perdu dans un chaos fracassé.
Bowie en 1993 : "Sur ce disque, j’ai utilisé à fond la technique de collage volée à William Burroughs. Ça explique l’aspect très fragmenté des textes. A l’époque où j’enregistrais Diamond Dogs au studio Olympic, Eno était en train de bosser sur Here Come the Warm Jets. Dès qu’il quittait le studio, j’allais écouter ses bandes, voir où il en était. Et je sais qu’il m’espionnait exactement de la même façon. Nous étions très surpris par la similarité d’écriture en collages. Drôle de disque, Diamond Dogs… Mon premier album entièrement enregistré sous l’influence de la cocaïne. L’ingénieur du son sur ce disque, Keith Harwood prenait lui aussi beaucoup de coke. J’en avais fini avec les Spiders from Mars et je m’étais mis dans la tête de jouer de tous les instruments, à part la batterie, où j’ai toujours été nul. J’étais donc la plupart du temps seul avec Keith, c’était de la folie furieuse. Nous avons totalement perdu la notion du temps, nous sommes parfois restés trois jours et trois nuits d’affilée dans le studio sans même nous en rendre compte. Aujourd’hui, je suis sidéré par la cohérence de l’album. Il aurait dû refléter le chaos qui l’a vu naître." Extraits du formidable entretien avec Jean-Daniel Beauvallet, à Londres en juin 1993, pour Les Inrockuptibles.