[Deux ans après, j'ai révisé mon jugement : ce disque est globalement pas très bon. En conséquence de quoi on tombe à un petit 5/10, en partie la faute à une compression dévastatrice.]
... et il n'est finalement pas arrivé ! Ouf ! Je me revois encore à l'annonce de l'album : "je vais encore devoir acheter ce disque, mais vu comme ça rame chez DT, je sens que je vais le descendre en flammes. Et cette fois, pas de complaisance de fan à deux balles, ça va saigner !" Nenni messire, Dream a la moyenne, sans le bonus du fan. C'est pas top, mais ils ont honnêtement fait pire.
Globalement, ça sonne pas trop mal. C'est assez inégal, avec, honnêtement, strictement aucune bombe atomique. Il y a de bons passages, mais c'est toujours encadré par des trucs franchement bof. Il y a pas mal d'auto-repompe, mais c'est quand même émaillé de riffs inspirés de sources externes et même de trucs que je n'ai jamais entendus. J'ai perçu pas mal de passages néo-classiques, ça m'a bien plu. On se reportera au commentaire titre par titre pour les détails.
La batterie sonne sourd, c'est pas génial ; et John Myung a équipé sa basse d'effets à la façon rock prog, en verrouillant le potard des graves au minimum, histoire d'être sûr qu'on ne puisse pas le distinguer de la sept cordes de John Petrucci. On ajoute à cela un sur-mixage de la guitare, dont est coutumier le groupe, et les breaks de Mike Mangini, pas toujours très bons. Enfin, les parties de chant vont du correct au bien mauvais, et ce, même pas forcément à cause de la voix de LaBrie, mais surtout parce que c'est totalement hors de propos. En revanche, les parties de batterie, sans être à tomber, sont nettement meilleures que dans l'opus précédent.
Donc voilà : il y a plein de trucs qui m'énervent, mais pas assez pour que ça devienne vraiment nul. Les meubles sont sauvés. On pourra reprocher à Dream Theater de ne pas se renouveler suffisamment, de faire de mauvais choix sur les effets et le son des instruments, de faire trop de pop warnerisable, mais c'est quand même suffisant pour que l'album ne sombre pas. Verdict : un gros 6/10, mais on ne poussera pas jusqu'au 7 parce que ce disque n'est clairement pas impérissable.
Commentaires titre par titre. J'insiste sur les auto-repompes, histoire de voir si Dream Theater a fait un effort pour se renouveler.
L'ouverture sonne symphonique, voire néo-classique. On pourrait limite l'attribuer à Symphony X que ça ne choquerait pas tellement. On sent aussi de petites réminiscences de Six Degrees, ça sonne grand et j'aime ça.
Après, on enchaîne sur le premier single. Il y a de bons gros riffs bien gras, des signatures rythmiques qui trébuchent et un solo de guitare décent. Ca fleure le Six Degrees et le Scenes From A Memory.
Après, on passe à The Looking Glass. Là c'est du bon gros Warner-compatible et ça sent la pop. Les transitions sont crades, c'est pas terrible, et la fin est pourrie. Je contemple un mutant boiteux à base de Liquid Tension Experiment et de Dramatic Turns. Bof.
Enigma Machine : c'est un bon instru avec un riff de base ORIGINAL que j'ai jamais entendu chez Dream. ENFIN ! Les solos sont assez bons, il y a des parties qui te pilonnent bien ta face et il y a des breaks très réussis à la basse. Ceux à la batterie sont moins bons. La fin est énorme et bien amenée. Là, j'ai entendu des trucs qui sonnaient un peu néo-classique, du Systematic Chaos, de la basse à la façon rock prog et un peu de Black Clouds.
The Bigger Picture : pop is back. Ca dégouline de partout, on sait pas trop pourquoi Myung joue avec son overdrive dans cette atmosphère. On a ensuite un riff metallisant, qui nous transforme tout ça en metal à chanteuse (sauf que James LaBrie est un mec). Pas bon, et c'est selon moi la pire du disque. Ce titre sentait un peu l'Octavarium.
Le sixième titre, Behind The Veil, balance bien la sauce. On a des gros riffs de power metal bien gras, avec une pincée de Maiden, et des cadences baroques pour un solo de guitare bien épique. La chanson la moins auto-repompée du disque, trouvé-je.
Surrender To Reason : ça commence par popiser à fond, mais ça ne dure pas. Les transitions sont correctes, on a des phrases sympa à la guitare et à la basse, et même les choeurs de synthèse passent bien. Bon titre. J'ai entendu des petits riffs de Dramatic Turn.
Sur Along For The Ride, on a une intro ignoble avec de petites étoiles et du violon de synthèse. Le solo de synthé dégouline, il faut virer ce son de la banque de Jordan Rudess. Je me passerais de ce titre avec plaisir.
Et enfin, on a le morceau fleuve de l'album. On ne va pas tout passer par le menu, mais on peut très clairement sentir du power néo-classique un peu sympho. Genre Symphony X, quoi. Il y a des gros riffs bien gras, des passages orchestraux qui font un peu musique de film, des trucs que Mozart aurait écrit s'il avait vécu aujourd'hui et une WTF chanson-dans-la-chanson à la fin, après un premier finale assez bon. Les solos sont raisonnablement bons pour tout le monde, y compris le synthé (sauf un petit solo de guitare un peu crado qui m'a bien déçu). Sur ce morceau, j'ai entendu un peu de Black Clouds et de Dramatic Turns.