Nous vivons une époque somme toute inédite qui voit apparaître tous les revival possibles et inimaginables. Ce foisonnement post-moderne qui voit cohabiter 40 ans de culture rock (les 60's, les garages, les punks, les 80's; les grunges…) serait irrémédiablement stérile si les apports actuels ne venaient pas y mettre leurs grains de sel, proposant des alliages inédits, des versions stylisées ou épurées et une production différente à ce qui se faisaient dans les années 70 ou 80. Ce n'est donc plus exactement la même chose mais cela s'inspire ouvertement d'une époque ou d'un mouvement. Enfin, je parle là des artistes intéressants…Avec Espers, c'est un esprit et un genre musical pour l'instant peu fréquenté qui refait surface : L'acid folk. Greg Weeks est connu pour ses albums solo, on le retrouve avec plaisir au centre de ce trio de Philadelphie. Derrière la voix angélique de Meg, Espers construit sa musique à partir d'une trame sage et calme, un folk anglophile cristallin, pur (Incredible String band, Fairport Convention)… mais qui ne demande pas mieux qu'à être un peu bousculé. Dès lors revisitée par un prisme déformant, aux prises avec les bouffées délirantes de leurs auteurs, cette musique de troubadour devient tout simplement insaisissable et peuplé de fantômes. Riche d'une instrumentation qui va bien au delà de la simple guitare acoustique (flûte, violon, violoncelle), Espers ne craint pas de tirer ses magnifiques Meadow et hearts and daggers dans la folie de la dissonance (avec violons et flûtes en jeu libre et distorsion électronique), ou de brutaliser le baba cool Riding par une guitare en forme de paratonnerre. En apparence, doux et reposant comme un lit paisible, mais à y regarder de plus près envahi par les ronces…Magnifique.