Filosofem
7.7
Filosofem

Album de Burzum (1996)

Dernier album composé par Vikernes avant son incarcération pour meurtre, "Filosofem" est une oeuvre conceptuelle encore plus expérimentale pour l'époque que l'étaient les trois opus précédents. Analyse.

Premier constat, durable par ailleurs : le son ne plaira pas à tout le monde. Dévorées comme par une sorte d'énorme filtre low-fi, les guitares semblent produire un énorme bloc poreux, crépitant à tout va. Les mélodies semblent s'échapper par à-coups, aspect déjà présent en moindre mesure dans les albums précédents. A l'inverse, la batterie parait limpide, dirigeant les morceaux, évoluant régulièrement avec une
frappe plus impliquée ou à l'inverse moins puissante, faisant évoluer des boucles avec un certain feeling rare dans le genre.

Autre aspect qui ne fera pas l’unanimité, la voix. Incroyable dans leur exécution auparavant, elles suivent ici le low-fi des guitares, donnant un effet assez particulier : il arrive de se demander par moments si c'est une sorte de murmure distordu ("Beholding the Daughters of the Firmament") ou bien un cri déchiré. Si cette voix ne fonctionnerai surement dans aucun autre contexte, elle fonctionne parfaitement dans Filosofem.

Le premier contact se fait avec "Burzum" (NDR : premier morceau, "Dunkelheit" sur les versions allemandes) dont le synthé, bien qu'axé sur une sorte de piano rhodes plutôt que sur un pad, fait le pont avec l'album précédent. Ce rhodes resurgira d'ailleurs dans tout les autres morceaux à l'exception du second, "Jesu død", composé uniquement d'un riff en tremolo typiquement black metal qui se verra altérer tout du long. La mort de Jésus, annoncée par son titre, amène une chevauchée de 8 minutes, qui sera en fait le dernier sursaut d'énergie de Filosofem : tout le reste de l'album ne sera que descente dépressive et mélancolique.

Le diptyque "Decrepitude" ("Gebrechlichkeit"), axé sur une même ligne de synthé, entoure ainsi une très longue piste ambiant de 25 (!!) minutes. Hypnotisant, "Rundtgåing (...)" laisse espérer une élévation dans l'atmosphère déprimante le l'album, espoir sans accomplissement : si le morceau change en son milieu, il restera sur la même tonalité minimaliste jusqu'à ses dernières minutes.

Oeuvre conceptuelle ne s'écoutant finalement pas réellement comme du black metal, Filosofem instaure avec brio une tristesse amère, presque violente, donnant par là même naissance à un sous-genre (DSBM) dont les futures groupes peineront à égaliser la qualité.

Mélancolique, mais transcendant.

Les + :
+ cette coloration unique
+ cette expérimentation qui marquera une scène
+ ce jeu rythmique expressif pour le genre

Les - :
- cette difficulté d'accès

A écouter :
"Burzum" ("Dunkelheit")
"Jesu død" ("Jesus' Tod")
"Decrepitude I" ("Gebrechlichkeit I")
ibetheadmiral
10
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Créée

le 2 juil. 2013

Critique lue 2.8K fois

63 j'aime

A. J. E. Gibert

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63

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