Avec ce 4ème album, Yes confirme l'évolution du groupe depuis the yes album. Si ce dernier voyait l'arrivée de Steve Howe aux guitares en tout genres, c'est au tour du jeune Rick Wakeman de s'attitrer les claviers en tout genre. Et celui ci ne débarque pas avec juste son diplome de conservatoire et son piano Fisherprice. L'arsenal claviéristique (de même que la virtuosité) est considérablement agrandie. Exit l'hammond à tout faire. Et d'où cet album, fait un peu dans l'urgence pour payer le matos du nouveau venu. Car oui cet album comporte 9 titres, mais 5 sont des oeuvres personnelles de chacun des membres.
Et c'est la force/faiblesse de l'album. Force car il montre le niveau technique et musical ahurissant des membres. Même Anderson, qui ne joue pas d'instrument autre que sa voie ici, réalise un tour de force avec le collage vocal bizarrement très entêtant de We have heaven. Pour la petite comparaison, prenons Pink Floyd, et mesurons le décalage technique.... Cependant c'est bien Pink Floyd qui traversera les ages de part l'efficacité et la "simplicité" de ses compositions progressives. Car Yes ne fait pas dans la simplicité. Et c'est la faiblesse toute relative des ces compositions individuelles, on a un peu l'impression qu'ils se tapent du coude du style "Putain t'as vu comme que je joue bien". L'intérêt d'un groupe n'est il pas la symbiose de ses musiciens?
Néanmoins, les défauts sont mineurs, ces compositions aèrent les morceaux de groupes. ET c'est là où se trouve le réel génie de l'album. Roundabout, avec son intro légendaire (à la guitare puis à la basse) et Heart of the sunrise, avec aussi son intro légendaire font toujours partie du répertoire du groupe. South side of the sky et long distance runaround, bien que moins connues participent à légende de l'album. long distance, parlons en justement. Petite chansonnette écrite au départ par anderson, elle trouve tout son génie et sa complexité par l'arrivée de la section rythmique. Ne content de joué un motif mélodique qui a riiiieeeen a voir avec la guitare, la batterie est en décalage complet. Bruford s'amusant à taper sa caisse claire tous les 5 temps, alors que tout le reste est en 4/4. Et c'est là toute l'essence (et King crimson aussi on va pas se mentir) : "Raah c'est trop simple, faut trouver un truc ultra chiadé pour que personne arrive à le refaire !". Et ouais les gars, mais n'importe quelle section rythmique au monde connait et sait jouer "Money", "Heart of the sunrise c'est moins sûr...
Bref après un album comme celui là, Yes va arrêter de se regarder le nombril, lever la tête et remarquer que le chef d'oeuvre est à porter de bras, sur l'album suivant...
PS : Cet album, et en particulier Heart of the sunrise, confirme bien que pour avoir une voix mythique, un chanteur doit faire 1m10 les bras levés (Dio et Paul Simon sont d'accord avec moi).