1970, Los Angeles
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Mesdames & Messieurs, laissez moi vous présenter nos phénomènes de foire, ils nous viennent de Détroit et n'ont peur de rien :
À ma droite Ron Asheton, l'homme qui triture le blues à la tronçonneuse, donnez lui une distorsion aussi dégoulinante et grasse qu'un Triple Decker de chez Burger King et ce phénomène pétardisé vous pondra une ribambelle de riffs qui feront hurler mamie au dîner familiale.
À ma gauche les furieux du Tempo Scott Asheton bûcheron de profession et Dave Alexander tout droit sorti du bar, ils sont la pour vous servir et matraquer à coups de masse vos tympans.
& le meilleur pour la fin! On l'a exceptionnellement sorti de la cave dont il est détenu depuis 8 mois, il a faim, il a soif et la moindre apparition d'une courbe féminine pourrait le faire rentrer en transe. Le bestial Iggyyyy Pop qui s’égosillera de ses plus belles onomatopées et autres raclements de gorge entre deux lignes de coke.
Maintenant lachez les fauves...
»
C'est curieux mais à chaque que je dois visualiser l'univers de cette galette, j'ai ce genre de visions. Fun House est un album singulier, intriguant de par son contexte temporel et de son emprunte dans l'industrie musicale, qu'il sait stimuler mon imagination.
Concentré d'intensité primitive, le disque est un cliché immortalisant la notion d'instinctivité à son sens le plus pur, dépouillé de tout artifices inutiles.
Faisant émerger une mixture en ébullition; ou rythmiques transo-hypnotiques se bousculent dans un flot de fureur animale, ou les finaux capharnaüm semblent faire bifurquer dans tout les sens le spectre sonore de la soundtrack.
Sur cette orgie de sons nerveux et pesants s'adjoint un Iggy beuglant comme si il allait arriver à tout moment à l'overdose.
Avec cet opus la joyeuse bande de Mr.Pop immortalise 7 tracks d'une intensité remarquable, partant de la guitare Bulldozer de "Down On The Streets" en passant par le lancinant & attractif "Dirt" pour finir sur une partouze finale ou Saxos hyperactifs se bousculent dans une apothéose psychédélique.
Fun House c'est une Harissa sonore à se carrer dans les pif qui fera trembler vos neurones et mettra en ébullition vos plus bas instincts. La résultante d'esprits frappadingues qui n'avaient rien pour s'accorder mais qui ensemble ont su allier leurs énergies pour marquer les esprits et ainsi s'imposer à travers le temps.
Bien des années plus tard les survivants de cette explosion de rage, tenteront de revenir pour essayer de ravir la flamme à travers un nouvel opus.
Sans succès, que voulez vous, Fun House est la représentation d'un état d'esprit spécifique d'une époque ainsi que d'un sentiment commun de folie partagé par ses protagonistes.
Laissons le passé intact, il est si beau, si mystérieux, si fascinant. J'aime les images qu'il me procure, il a déjà tout pour lui.
This used to be a funhouse But now it's full of evil clowns It's time
to start the countdown I'm gonna burn it down down down I'm gonna burn
it down
[ Écouté pendant ma critique : Yr City's A Sucker - LCD Soundsystem ]