Selon certains, le titre "Garden Of Delete" renverrait de façon indubitable à son acronyme, GOD, le Dieu, en anglais. La théorie n'est sûrement pas fausse, mais sûrement pas très éclairante non plus, quand bien même elle entérinerait le côté démiurge de l'artiste, qui avouait bravement, au moment de la sortie d'"Age Of", avoir "voulu recréer l'Odyssée de l'Espace" (Kubrick). Pour ce qui est de Garden of Delete, Lopatin affirme qu'il y est essentiellement question d'adolescence, et de questionnements relatifs à cette période. Pour ma part, j'y vois une sorte d'Adolescence Clémentine (Clément Marot) à la façon musique électronique expérimentale. Le jardin pose peut-être, qui sait, la question de la jeunesse, et celle aussi qui sait de la genèse. De quoi? J'y vois celle d'un son à part, malgré les voix de quelques sombres contempteurs.


Je reviens à mon thème de la route. Il y a dans cet album un côté Easy Rider, c'est à dire une esthétique et je dirais même une morale de l'écoute dégoûtantes, mais artistiquement assumées.
J'ai écouté cet album une première fois dans ma chambre familiale. Mes parents vaquaient vraisemblablement à quelque occupation. Et le moins que je puisse dire est que j'ai eu très honte de leur faire subir ces sons, vraiment monstrueux. Il y avait des voix d'Aliens, des nappes de synthétiseur d'une violence inouïe, des sons déplaisants, disgracieux, moches, en fait, pour résumer: c'était moche. C'était cette violence moche que j'écoutai désormais en douce, moins fort ou peut être au casque je ne sais plus, pour ne pas la véhiculer au monde extérieur, à celui de ma famille; et même j'aurais peut-être eu honte de la faire écouter à mes amis.


C'est pourtant cette laideur totale, comme si j'avais été mis en face d' un des plus affreux monstres de Yu-Gi-Oh, que je me suis pris, progressivement, à aimer. J'ai d'abord été séduit par "Animals", qui est un tube dans cet album sans absolument aucun tube. Ecoutez Animals, et c'est comme si une déesse nipponne s'invitait à une soirée karaoké de zombie. Et chantait, d'une voix absolument robotique certes, mais chantait. Cela ressemble à un kamoulox mais écoutez et vous verrez que je ne m'éloigne pas tant que ça de la vérité.


Il y a dans cette track une intensité qui m'a toujours envahi et capturé, je pourrais dire "trapped", comme pris au piège, comme une carte de Duel de Monstre.
Mais une carte belle, très belle et mélancolique.


Et puis dans l'ensemble de l'album, il y a cette atmosphère de robot japonais chantant, c'est vraiment super bien fichu et assez magnifique je trouve. Les synthés et leur hargne coexistent avec cet univers de manga; d'anime, en fait les deux ne semblent faire qu'un. Il y a ici la rage, la colère sous overdrive d'un "Sticky Drama", et puis il y a la présence des femmes, assez langoureuse superposée au même morceau.


Je n'ai pas vraiment envie d'en dire plus, comptant sur votre impatience d'écouter ces musiques bizarres, métalleuses et japonisantes, que j'ai sûrement très mal dépeintes mais qui comptent, j'en suis certain, dans le haut du panier de ce que Lopatin a produit à ce jour.

Whenyay
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le 10 août 2021

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Whenyay

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