"Entrez une citation de punchline"
Ah la la... Mais quelle attente. Quand j'ai appris l'arrivée surprise de Grand Siècle et que j'ai pu entendre pour la première fois "Planetarium" je dois vous avouer que mon impatience était énorme. La perspective d'avoir une création de Fuzati en dehors de sa trilogie (Vive la Vie - La Fin de l'Espèce - ???), perspective surprenante malgré les dires de ce dernier qui avait déjà précisé qu'il souhaitait réaliser un album plus "basique", plus orienté sur des punchlines simples et efficaces, n'épousant pas un concept au contraire de ses deux premières réalisations, était une perspective attrayante et curieuse.
Cependant, cette volonté a ses limites. Une des principales forces des anciennes moutures du Versaillais était justement d'imposer un contexte, d'avoir une thématique forte qui pouvait de fait toucher un large public, s'identifiant à différents degrés aux textes désabusés du rappeur.
La perspective d'avoir dès lors un album moins orienté sur cet aspect essentiel de la création de Fuzati pouvait inquiéter, mais il y avait Orgasmic. Le travail de ce dernier avait le mérite d'être très différent des instrumentales proposées par Fuzati dans ses précédents albums, et c'était sans doute ce point tout particulièrement qui faisait monter mon excitation.
Seulement, si quelques morceaux comme "Planétarium" ou "Sinok" ont des instrus très efficaces et inspirées, l'ensemble est assez décevant par rapport à ce que l'on pouvait attendre. Après quelques morceaux, la lassitude intervient, chaque piste ayant la fâcheuse tendance à ressembler plus ou moins à celle d'avant.
Cette déception par rapport aux instrus est à tempérer par le fait que le style si particulier qu'Orgasmic met en place dans cet album n'est clairement pas celui qui me parle le plus. De fait, il n'est pas impossible que certaines personnes soient plus touchées par le style "Orgasmique".
Personnellement, il fallait alors au moins que les textes de Fuzati soient réussis. Là encore, c'est assez variable. Il y a des grands moments, des punchlines très efficaces (que je n'ai pas besoin de vous révéler vu qu'elles sont répertoriées un peu partout sur les forums et utilisées comme titres de critiques notamment, d'où mon propre titre de critique, eh bim astucieux tout ça wahou), mais aussi des morceaux où le style Fuzati souffre de sa principale limite : A ne pas instaurer un contexte particulier, l'ensemble donne l'impression d'être un gigantesque déballage de la pensée "Fuzatienne", sans fil conducteur, qui donne souvent une sensation de "déjà-entendu" et qui nourrit ceux qui ont tendance à remarquer chez Fuzati un côté "je balance sur tout je suis content de rien etc".
Reste alors quelques bons moments, "Le Fluide" en tête, teinté d'une mélancolie et donc d'un semblant d'émotion, qui manque clairement dans le reste de l'album, et bien sûr "Planétarium" ou encore "La Violence" (je préférais néanmoins la version qu'il avait réalisé avec Naive New Beaters).
Malheureusement, "Grand Siècle" n'est donc pas l'évènement tant attendu. Il reste néanmoins un bon album, qui a le mérite de donner une alternative à la scène rap française que je trouve depuis très longtemps bien trop moribonde. A écouter, même si il faudra sans doute attendre le dernier opus de la trilogie du Klub des Loosers pour retrouver le Fuzati que l'on adore.