Bon, passons sur le visuel faussement combatif et pseudo glamour de la pochette de l'album. Elle a très mal vieilli et aujourd'hui, c'est quelque peu ringard.
Successeur du merveilleux "Confession on a dancefloor", Madonna était très attendue. Nous nous étions habitués à de l'avant-garde, de la provocation et du renouveau.
A la première écoute, rien ne différencie Hard Candy du très bon "Loose" de Furtado ou du très savoureux "Future/Sex Love sound" de Timberlake. Même production, même rythmique, même couleur.
Qualitatif, me direz-vous? Absolument, vous répondrais-je.
Cependant, l'album de Madonna débarque dans un paysage musical connu, entendu et où l'on frôle l'indigestion.
A l'époque toutes les radios diffusent en continu ce "nouveau" mélange de r'n'b électro porté par Timbaland et l'on ne compte plus le nombre de singles, aux sonorités similaires, entendus entre 2005 et 2008.
Hard Candy déçoit par son retard et par son manque de surprise.
Pourtant l'album s'ouvre sur le sucré "Candy Shop" aux sonorités r'n'b électro où Madonna endosse le rôle d'une vendeuse lubrique de bonbons magiques ayant un pouvoir d'attraction sexuelle sur l'homme.
Déboule ensuite le commun "4 minutes" dont le clip est à oublier. Rythme entraînant, trompettes dignes de l'ouverture d'un film, le morceau reste plaisant mais ne décolle pas vraiment. Le mélange vocal Timberlake/ Madonna n'opère pas et aucune chimie ne s'effectue.
"Give it to me" véritable fête foraine vient subitement réveiller l'album. Morceau soigné qui rappelle certaines musiques de jeux vidéos ou certains jingles Tv nous oblige à bouger et à nous dandiner.
Durant le morceau, Madonna nous offre une parenthèse r'n'b aux sonorités urbaines où Pharell prend place et déballe quelques paroles niaises mais terriblement jouissives : "Get Stupid". Cela nous rappellera aisément certains morceaux de Gwen Stefani et de son inoubliable "Love Angel Music Baby".
"Heartbeat" sera au mieux écouter en musique de fond dans une soirée entre amis, au pire, il sera complètement zappé.
"Miles Away" est une pale copie des ballades romantiques signés Timbaland comme "All good things" de Furtado ou "What goes around" de Justin. beat saccadé, guitare sèche dominante, voix fluette et fragile.
"She's not me" est très certainement le morceau le plus surprenant et le plus intéressant de l'album. C'est précisément durant ce dernier, qu'on retrouve la Madonna tant aimée. Celle qui mélange qui ose et qui oublie le format "radio edit" d'une chanson. Délicat mélange de Funk, d'électro et de r'n'b "She's not me" est un habile conte machiavélique qui puise ses influences dans des rythmiques célèbres, dansantes et glamour dignes de celles de Madame Donna Summer.
S'abat ensuite l'incroyable "incredible" véritable continuité du morceau précédent. Jolie tentative de mélange de sonorités plus anciennes et contemporaines. Encore une fois, pas de filtre, plus c'est long, plus c'est bon.
Monsieur K. West s'invite ensuite au repas sucré de Madonna et nous passons brusquement à des sonorités plus urbaines. Rap et pop cohabite dans un morceau approximatif où les jolies nuances de la basse viendront sauver (de justesse) ce titre de la noyade.
"Dance 2night" est un erreur. Rien de mélodique, une production supplémentaire d'un Timbaland essoufflé en manque d'inspiration. Voix robotique, sample pseudo disco et pailleté, beat faussement funk.
"Spanish Lesson" bien que très répétitif reste intéressant. Seul morceau qui appelle au voyage dans cet album, il mêle guitare espagnole, sons de maracas et rythme endiablé. La voix de Madonna paraît plus libérée, moins contrôlée que sur les autres chansons de l'album où l'on pourrait croire qu'elle s'oblige à garder un ton presque autoritaire et urbain.
Les deux derniers titres "Devil wouldn't recognize you" et "voices" viendront refermer l'album comme une synthèse des précédents titres. Seule la version live de DWRY marquera les esprits.
Pour conclure, Madonna s'essaye avec plus ou moins de réussite au style Timbaland. Hard Candy est un album cohérent qui suit avec prudence et justesse une ligne conductrice parfaitement contrôlée et sécurisée. Pourtant bien produit, il manque néanmoins de fluidité et ne parvient à pas à surpasser les autres productions de l'époque.
Un opus qui manque cruellement d'identité sur les plans visuels et sonores.