Après une année sans album, le monstrueux zeppelin de plomb est de retour avec son cinquième disque, Houses of Holy, en 1973. Il faut se rappeler que depuis 1969, ce n'est pas que le rock, mais la musique même que Led Zeppelin a changé. Il semble désormais impossible de refaire de la musique comme avant.
Malheureusement, après 4 disques aussi réussis, et surtout Led Zeppelin IV (ou Four Symbols ou the Fourth selon les versions), il paraît difficile de réussir le pari de renouveler encore totalement le genre. Led Zeppelin semble assumer le changement et donne un titre à cette cinquième pierre qui marque une nouvelle étape dans la vie du groupe. Ils n'ont plus besoin de prouver qui ils sont, ils n'ont plus à s'affirmer, ils ont atteint l'étape, pénible, de simplement être.
Houses of the Holy est souvent perçu comme un disque échec par certains fans. Il faut se rappeler que dès sa sorti certaines critiques ont été dures. On se rappellera de cette phrase de Plant : « si des connards n'aiment pas cet album, grand bien leurs fasse. Moi il me plait et il plait aussi à des milliers d'autres connards ». Le ton est donné. Sans se justifier pour autant, le groupe a conscience que cet album n'est pas unanimement apprécié.
Pourquoi ?


Peut être à cause de la conception décousue, allant d'endroits en endroits sans jamais se poser réellement pour donner une âme unificatrice au disque. Premier à posséder un nom, Houses of the Holy est peut être le disque qui a le plus de difficulté à offrir une unité pourtant et ce malgré quelques bonnes trouvailles.
Deuxièmement, l'absence totale de lourdeur dans le son. Le groupe fut connu pour son son de plomb. Or, celui-ci ne se retrouve pas dans ce disque. Les ballades du disque et l'aspect nettement trop doux nuit également aux ambiances, tel No Quarter, qui aurait gagné à être mieux entouré de manière générale.


Le disque est également celui des expérimentations vers d'autres genres. Ainsi, la face A se termine sur The Crunge, le titre funk du groupe. Composé autour d'un jam de Bonham, si le morceau est effectivement groovy on comprend qu'il a pu choqué les fans de la première heure. Plant parvient quand même à balancer un peu de sa sensualité animale mais le titre souffre surtout de l'aspect Jam qui ne l'a pas quitté. Ainsi, on a plus l'impression d'entendre une démo non terminée qu'autre chose. Résultat, l'idée sympathique n'offre pas un morceau digne de Led Zeppelin.
D'yer Mak'er est également expérimental dans le genre puisqu'il est une incursion du quatuor vers le monde du reggae. Petit problème, c'est franchement mollason et ça ressemble plus à Led Zeppelin qui essaye de faire du reggae que du reggae fait par Led Zeppelin. Culte comme titre par son genre musicale, on notera pourtant que le son de batterie et la frappe de Bonham ne colle pas, la basse de John Paul Jones est beaucoup trop en retrait et Jimmy Page ne parvient pas à sauver le titre. Notons également que Plant est limite sur ce titre.
Cela dit, ce n'est pas la seule fois où Robert se trouve limité sur Houses of the Holy. Prenons le premier titre The Song remains the Same où Plant a une voix gonflée d'effet. Si le chanteur met presque 90 secondes à arriver, c'est doublement sans regret. Premièrement parce que cette intro est excellente. Musicalement The Song remains the Same est un titre incroyable. L'osmose entre Page et Jones, souvent ignorée, est ici parfaite. Et Bonham est entrain de courir avec toute sa batterie pour offrir une belle performance. Plant lui va évoluer dans le morceau de douce compagnie qui est un peu moins bon que le reste de la bande à présence pas assez travaillée. Où est le véritable Robert Plant ? Il a disparu ! Ca manque de vie au niveau de chant, c'est incontestable ! Et croyez moi, ça me fait de la peine de dire ça car Robert Plant est mon chanteur préféré. Mais force est de constater que Houses of the Holy est une de ses plus mauvaise prestation dans son ensemble et que sur cette belle piste d'ouverture qu'est The Song remains the Same, il annonce directement la couleur : ce n'est pas lui qui va sauver l'album.


Ne soyons pas pour autant mauvaise langue. Robert Plant assure bien sur No Quarter. Même si, évidemment, sa voix est quelque peu reléguée au second plan derrière la beauté de l'ambiance marine et du son de guitare de Jimmy Page qui laisse encore et toujours pantois. Puis, les pré-refrains, bien que non incroyables, sont parfaitement placés. Vraiment parfait, ça ne saurait être mieux. Ce morceau, de par son aspect crépusculaire n'est pas celui qui demande le plus de performance vocal et c'est, en-soi, presque un regret tant la performance reste plus que cohérente. Page et Jones dans les arrangements et les ambiances font des merveilles et offrent un titre vraiment efficace. C'est incontestable.
Cependant, la qualité musicale de The Song remains the Same et celle, globale, de No Quarter, ne pardonnent pas tout. Ainsi The Raing Song est une balade très douce où Robert Plant offre ce qu'on lui demande ici : de la pop grand public. Malheureusement, bien que le son ne soit pas si éloignée, cela dénature peut être plus Led Zeppelin que toutes les virées jamaïquaines. Le titre est affreusement calme et sans vie, il raisonne la simplicité exagéré et le manque d'investissement artistique du groupe. Certainement un des titres que j'aime le moins du groupe.
De plus, à cause de ce morceau, le début de Over the Hills and Far Away n'est pas assez en opposition avec le reste. En effet, l'intro est toute douce et à l'arrivé de Bonham, le titre pète enfin. Surtout on retrouve un Robert Plant en grande forme. Alors oui, même si le son de plomb n'est pas de retour, la puissance du chant est tout de moins là. Les idées sont plaisantes et le titre est sautillant. Le morceau montre incontestablement le talent de Led Zeppelin et c'est sans regret qu'on a pas le son caractéristique du dirigeable. Puis on retrouve un beau solo de Page bien sympa comme on les aime. Un morceau diablement efficace, c'est certain.


Que reste-t-il encore sur l'album ? L'envoutant titre Dancing Days, relativement hypnotique, le titre est séducteur, incontestablement. Pour autant, je ne peux m'empêcher de le trouver trop sage. Où est la frappe horriblement divine de Bonham ? Où est la voix de milliers d'anges dans le chant de Plant ? Où est ce doigté si efficace et inoubliable pour John ? Bien que grandement aimé et très sympathique, Dancing Days me semble pas aussi abouti qu'il aurait pu l'être malheureusement.
Enfin, l'album se termine sur The Ocean. Le titre semble tout droit sorti des 4 premiers albums. On retrouve tous les éléments même si le traitement de voix de Plant n'est pas parfait, ici, je reproche plus au mixage de ne pas être parfait qu'au chanteur qui offre une prestation agréable. Le titre est censé évoqué la magie des concerts et du public. Je pense que si dans l'ensemble de la discographie de Led Zeppelin il peut paraître calme, face à l'album qu'il clôture, il est des plus dynamiques. Notamment sur le final.


Que doit-on garder de l'album ?
Des bons morceaux, incontestablement. Mais combien peuvent être jugés de parfaitement réussis ? Over the Hills and Far Away d'une part, No Quarter et The Ocean d'autre part. Dancing Days est bien plaisant mais manque d'un petit grain de génie en plus, quant à D'yer Mak'er et The Crunge, ceux sont des titres qui n'ont pas été assez travaillés et se limitent à une expérimentation en-deçà des attentes légitimes. The Song Remains the Same reste un très bon morceau musicalement, c'est incontestable, mais le chant de Plant est malheureusement en-dessous du reste, ce qui est fort dommageable pour un groupe possédant un tel chanteur. Enfin The Rain Songs lorgne bien trop vers une pop sans âme pour être acceptable.
Malgré quelques bonnes idées, le groupe peine ici à offrir un album convainquant. Led Zeppelin avait jusque là offert des disques sans concessions, parfaits d'un bout à l'autre, la dégringolade est ici violente. Venant d'un tel groupe, on s'attend au moins à ne jamais avoir des morceaux pas finis et des chants pas parfaits. Houses of the Holy rappelle que ces hommes ne sont, finalement, pas des Dieux. Qu'importe, la carrière n'est pas encore finie !

mavhoc
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le 24 déc. 2015

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