Dans ta face B

Hullabaloo débarque discrètement entre deux albums majeurs de Muse, Origin of Symmetry et Absolution. Accompagné d'un live à Paris, le second CD contient une dizaine de pistes audio, plus ou moins inédites, une petite galette de faces B en somme. J'ai boudé le groupe quelques mois après leur dernier album (The 2nd Law) très décevant. Je suis alors revenu à mes premiers amours, le Muse pré-Absolution.

L'album commence sur Forced In, Bellamy parle du fond de l'eau et enrobe une chanson d'ambiance, intimiste, à la batterie libre et la basse discrète. Des bruits d'eau concluent ce début d'album bien étonnant. On est pas trop dans le Muse pompeux.
Shrinking Universe est une chanson plus Muse-icale, on relève à nouveau une discrétion de la guitare au premier abord, en faveur d'un petit accompagnement électro entraînant. A la fin de la chanson, Bellamy laisse exploser sa voix, ça ne plaît ou ça ne plaît pas, mais en tout cas, l'organe est puissant, on n'a plus l'habitude de voir ça aujourd'hui avec Muse.
On note dans cet album une forme de rêve, les effets sur la voix de Bellamy sont nombreux et confirment cette ambiance onirique. Recess retrouve une structure identique au titre précédent, avec une guitare parfois décousue, un air de Cave du premier album. Les paroles entretiennent le thème de la rupture amoureuse, thème cher à Muse dans sa période adolescente.
S'ensuit une chanson assez sympa, ayant fortement contribué au record du nombre de guitares cassées sur scène par un groupe. Yes Please est brute, sans fioritures, complètement taillée pour le live. Bellamy crie des choses à son mégaphone et entraîne tout le monde dans sa furie destructrice d'instruments.

Le calme après la tempête. Et j'aurai du mal à être objectif avec Map of Your Head tant cette chanson est personnelle. C'est une jolie ballade, avec des paroles assez rigolotes. Un titre à écouter sous un soleil matinal, après une soirée arrosée, "wearing just socks and a phone".
Nature_1 est certainement ma chanson préférée de l'album et une de mes préférées de Muse. Bellamy laisse tomber la disto pour un temps, la basse rythme l'évolution de la chanson. Encore une fois, le texte est assez potache, on relève dans la voix du chanteur comme une forme d'immaturité qui donne du charme à ces premiers albums. Un petit solo de guitare vient conclure ce titre bien entraînant.
Dans Shine, les sons aquatiques (un orage en fait) reviennent et accompagnent une très classique ballade mélancolique. On en avait entendues de meilleures dans l'album Showbiz. Mais bon c'est le côté un peu fleur bleue de Muse qui refait surface.

Une guitare criarde nous réveille pour le début de Ashamed. La voix se retrouve encore à nouveau un peu effacée, c'est un titre qui fait la part belle à la basse, efficace, poursuivant bien la structure du titre. Cette chanson témoigne encore une fois de l'époque un peu "folle" que Muse connaissait. C'était une époque où le groupe se lâchait bien plus qu'aujourd'hui, des moments un peu vénères, qui font du bien. Pour preuve, la fin de Ashamed part totalement en live.
Une autre musique un peu ambient avec The Gallery comme une pause dans l'album. Pas grand chose à dire là-dessus. La mélodie prend des airs Muse-icaux dont on a l'habitude. Mais il fallait bien une chanson de Bellamy au piano !
La thématique du rêve, que j'imagine propre à cet album, prend tout son sens avec le dernier titre de cette partie audio de Hullabaloo. Hyper Chondriac Music est un pastiche pinkfloydesque du titre Hyper Music du second album de Muse. C'est une chanson incroyablement badante mais plutôt jolie, avec des notes tenues parfois un peu longuement.

Hullabaloo est un album peu connu de Muse. La voix de Bellamy se décroche parfois, le piano est peu présent (sur un titre seulement), le mystère entoure la plupart des titres. Cette compilation contient une bonne partie des faces B sorties avec les single des deux premiers albums de Muse. Comme un clin d'oeil face à la démarche très commerciale du groupe anglais, Hullabaloo est très certainement l'un de leurs meilleurs albums (peut-être même le meilleur avec Origin of Symmetry). Les allergiques à la voix de Bellamy décéderont certainement sur le coup. Les fans, nouveaux ou anciens, ne peuvent qu'adhérer à une ambiance très particulière, presque détonnant face au live fourni sur l'autre disque. D'ailleurs, Hullabaloo est censé vouloir dire "vacarme" ou "bordel", c'est un peu tout le contraire avec ces dix titres, moins pompeux, parfois presque doux et touchants. C'est réellement le dernier bastion avant l'inondation lourdingue des ondes radio de Absolution.