Hurley
5.6
Hurley

Album de Weezer (2010)

En cet automne 2010, Skunk Anansie et Weezer, deux poids lourds de la power pop nineties sortent le même jour un bon disque ! D’une certaine manière cette coïncidence est aussi une petite révolution quand on sait que les premiers ont disparu de la circulation depuis dix ans (après trois albums bien burnés), et que les seconds se fourvoient dans la caricature depuis à peu près la même période.

Dans le cas des Ricains Weezer, c’est simple, leur dernière vraie bonne galette remonte au sympathique Maladroit (2002). La suite, jusqu’à l’abrutissant Raditude l’année dernière, ne fut qu’une caricature, bête et parfois repoussante, du modèle qu’ils avaient érigé avec leur Album Bleu il y a plus de quinze ans. A savoir des mélodies impeccables sous un déluge de distorsions haribo, embellies par la voix éternellement adolescente de Rivers Cuomo. Avec Hurley le groupe semble avoir pesé le poids de ses erreurs (errements vers un rock prog’ bas de gamme, voire du hip-hop de seconde catégorie), et revient à un style frontal. Incroyable mais vrai, ça marche (presque) comme aux premiers jours : on retrouve la fraîcheur, les chœurs superbes qui fonctionnaient si bien il y a quinze ans.

Du côté des anglais de Skunk Anansie, on était sans nouvelles depuis le parfait Post Orgasmic Chill (1999). Enfin pas tout à fait puisque la chanteuse Skin sévissait depuis le hiatus sous son propre nom en produisant une pop FM peu reluisante… Et ce ne sont pas les trois nouveaux titres greffés au best of Smashes & Trashes sorti l’année dernière qui pouvaient nous laisser penser que le groupe ressortirait un disque, et surtout aussi rapidement. Pourtant le groupe a su, plutôt que de se contenter d’une tournée lucrative de formation (ils n’auraient pas été les seuls), retrouver une heureuse seconde jeunesse. Bien sûr la rage des premiers opus a pour ainsi dire disparu, mais le combo a conservé un indéniable savoir-faire en matière de groove et de mélodies piquantes. Et la voix de Skin, quand elle cadrée par les bons musiciens, est encore sensuelle et vénéneuse.

Dans les deux cas, il semble que ce soient la rigueur et l’humilité qui sont à l’origine du renouveau. Ne vous attendez donc à rien de neuf, les deux groupes reprennent les recettes qui ont toujours fait leur succès. Mais on leur sait gré d’avoir su, l’espace d’une trentaine de minutes, raviver la flamme de notre adolescence.


Francois-Corda
8
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le 29 août 2018

Modifiée

le 14 juin 2024

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François Lam

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