London Grammar ? Un nom de groupe bien étrange. Mais l’Angleterre nous a prouvé à de nombreuses reprises qu’avoir un patronyme louche rimait souvent avec talent. Qu’en est-il de cette formation qui a sorti son premier opus le 9 septembre dernier ?
Apparemment, il reste encore quelques places sur la scène londonienne, spécialement du côté de la musique indie où les candidatures foisonnent et où très peu reçoivent une réponse positives. Ne partons pas en images et métaphores compliquées pour parler de London Grammar car il s’agit, pour une fois d‘un groupe d’une simplicité sans nom. Une fille, deux garçons (jusqu’ici tout va bien) qui se sont rencontrés à Londres (comme leur nom l’indique) : Hannah Reid la chanteuse à la voix légèrement rocailleuse et à la gamme vocale acceptablement variée (la mode anglaise), le pianiste/batteur Dot Major et ses airs d’Aneurin Barnard et Dan Rothman, le guitariste au look légèrement emprunté à Alex Turner, leader des Arctic Monkeys. En somme, London Grammar est dans sa forme, un groupe anglais standard, complètement dans l’air du temps.
Dès la première écoute de l’album If You Wait, le parallèle avec Austra est quasiment impossible à ne pas soulever. La même tonalité de voix entre Reid et Katie Stelmanis, le même petit ton synth-pop sans le côté gothique du trio canadien. Toutefois, la comparaison s’arrête là. Ce sont deux groupes talentueux qui maîtrisent l’univers dans lequel ils évoluent mais ces-dits univers ne sont pas tout à fait semblables. Quand Austra s’appuie sur des mélodies plus aériennes, London Grammar est un petit peu plus terre-à-terre, plus international. Dot Major et son djembé n’en sont pas innocents, apportant de légers effluves africains à certains morceaux. Stay Awake disent-ils ! C’est un peu le mot d’ordre de ce premier opus qui abordent des sujets qui parleront aux ados comme aux jeunes adultes, un public qu’ils ne se cachent pas de viser. Ainsi, la rupture, la douleur s’ajoutent à leur vocabulaire qu’ils conjuguent brillamment à leur grammaire. Les fausses notes se font très rares dans If You Wait : du quasi-parfait Flickers à l’étonnant Strong sur lequel Hannah Reid déploie son artillerie vocale en passant par le joli titre qui donne son nom à l’album.
London Grammar est la révélation de l’année, c’est indéniable. La suite de leur parcours dans l’Hexagone les conduira sur la scène de La Cigale le 9 novembre pour le Festival des Inrocks où la plupart de leurs prédécesseurs ont fait leurs preuves par le passé. Si ce n’est pas un signe que le groupe ne gaspille pas ses jeunes années….