Jupiter and Beyond the Infinite

Réécoutée à l'occasion de la sortie de The Martian afin de comparer les deux partitions, on pourra dire sans mauvais jeu de mots que la B.O d' Interstellar est à des années lumières de celle du film de Ridley Scott, écoutable certes mais quasi-transparente.

Ainsi composait Hans Zimmer

Ce qui fait souvent la caractéristique de la musique de Zimmer c'est qu'elle doit être écoutée fort : plus que la mélodie qui est tantôt présente tantôt absente, c'est l'ambiance que ce dernier parvient à créer qui importe ; la musique baigne la pièce qu'elle remplit, fait vibrer le tympan et submerge les canaux auditifs, ce qui contribue à donner cette impression de vertige acoustique.

Pour cette nouvelle partition, Zimmer emploie une orchestration peu commune, puisque, sans abandonner les textures électroniques aux expérimentations plaisantes, il les laisse en arrière-fonds des instruments principaux. Ainsi, il convoque les grandes orgues : instrument célestes par excellence ; associé d'une part à la musique sacrée donc à Dieu qui siège au ciel et d'autre part à 2001, a space odyssey par l'utilisation que Kubrick a fait du Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss et de son morceau d'orgue inaugurale. L'orgue est ainsi tout placé pour traduire et souligner les ambitions métaphysiques du film de Nolan. Ce choix place immédiatement la musique Interstellar dans la lignée de ces grandes oeuvres. A côté de l'orgue, on retrouve le piano qui vient tempérer ses envolées lyriques et offrir une partie plus mélodique (c'est là que Zimmer vient se détacher de Koyaanisqatsi l'oeuvre de Philip Glass dont on lui a reproché de s'être trop largement inspiré). Il faut noter enfin la présence des cordes qui martèlent par des coups d'archet les secondes du temps qui passe (autre thème essentiel du film).

L'effet de tous ces moyens est grandiose : chaque morceau rappelle habilement les moments film et parvient même à s'en détacher pour devenir des morceaux uniques qui n'évoquent plus pour moi le film mais seulement des émotions pures. La musique a réussi sa métamorphose : se détacher du sujet qu'elle devait illustrer.

Je recommande donc à tout amoureux de musique de films et plus largement de musique d'écouter la B.O. d'Interstellar de préférence dans sa version Deluxe avec un casque afin que l'immersion sonore soit totale.