Cheval de Troie
Renouant un peu avec le Rock mais pas trop, cet album de Bloc Party est pour moi mieux fichu que le précédent. Si on retombe un peu dans les travers Pop indé un peu fade sur quelques morceaux, c'est...
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le 5 mai 2021
L’arrivée du Bloc Party nouveau est un événement en soi. Non seulement car le groupe Anglais est un des ténors du rock mondial mais aussi car la bande à Kélé n’a pas peur de se remettre en question et de proposer chaque fois un album sensiblement différent du précédent. Pas le genre de Franz Ferdinand à faire tourner invariablement la même machine. Après un second album ambitieux (personnellement, mon préféré – chose rare pour être signalée), cette nouvelle livraison marque d’entrée les esprits : un son énorme mélangeant les indéboulonnables guitares de gros beats électroniques et autres puissances synthétiques. Passage en revue des troupes : entame sur deux titres coups de poings comme un Bloc Party vs Prodigy (Ares) ou un Bloc Party Killing Joke mix (Mercury et ses trompettes de l’Apocalypse). Début en fanfare réussi puis retour aux sources Bloc Party-enne avec un Halo à l’urgence proche du tube de la première heure –et toujours dans les mémoires - Banquet. En plus musclé, comme signe des temps. Petite pause avec le faussement tranquille Biko - rien à voir avec le classique de Gabriel – qui, tel un iceberg, cache la majeure partie de sa substance derrière un chant plaintif. Véritable tempête sous un crâne, Biko restitue le Bloc Party plus introspectif qui s’était fait connaître avec A weekend in the city. Retour à l’énergie rock avec Trojan Horse toujours boosté de machines, diablement efficace quoique qu’un peu convenu. Vient ensuite Signs, l’autre morceau humain de l’album, presque un morceau de Noël avec ses clochettes mais sauvé définitivement de la niaiserie par une mélodie qui slalome allégrement entre les portes du sentimentalisme.
On devrait trouver ça kitsch et on trouve ça beau…Avec One month off, c’est le Bloc Party nouvelle formule - c’est-à-dire tonitruant – qui déboule à nouveau : une rythmique à la Ministry (ça se calme vite quand même après ) pour un titre dont la production pour le moins offensive a du mal à cacher sa banalité mélodique. Cela se gâte un peu plus avec Zephyrus et ses ambitieux chœurs d’églises qui voudraient défier les cieux et vous tirer les larmes et qui ne ressemblent qu’aux voix de "Notre-Dame de Paris" (la comédie musicale et non la cathédrale). Le titre, pompeux en diable, a un petit côté Shake the disease et c’est marrant car sur le suivant Better than Heaven, Bloc Party, plus synthétique que jamais, ressemble bel et bien à Depeche Mode... avant d’ajouter par dessus des attaques de guitares en piquet. Ion square, là aussi un peu ampoulé, termine l’album sur une impression générale mitigée. Le groupe Anglais, ne s’en remettant parfois qu’à sa production poudre aux yeux, ne propose parfois qu’un contenant alléchant au détriment d’un contenu de seconde main. Ne pas se laisser abuser pour l’ivresse de la modernité et voir ici quelques fautes de goûts – ce qui nous avait pas habitué le groupe jusqu’alors. Bloc Party semblaient vouloir réconcilier l’efficacité du premier avec la complexité du second, le tout transcendé par une production béton, puissante, technologique et artificielle (avec même de l’auto tune sur la voix d’or de Kele). Exercice à moitié réussi, la magie s’étiolant à mi-parcours, Intimacy lancera quelques pistes possibles pour un Bloc Party IV que l’on attendra avec toujours autant d’impatience.
Créée
le 27 sept. 2016
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