Situation compliquée pour le groupe Korn. Après le succès fulgurant de leurs 3 premiers albums, le quintet entend bien surfer sur ce succès, malheureusement, le précédent album leurs a valus de fortes critiques, les accusant de se commercialiser. Le défit est de taille pour le groupe : offrir au public un album qui revienne au source du son, sans perdre pour autant la facilité d'accès de Follow the Leader. Paris risqué qui ne réussie qu'à moitié à mon sens.
Avec 16 titres l'album se remarque tout de suite par un respect de ce qui fait la marque de fabrique de Korn, ou du moins en partie. Le son est là, lourd, sombre, la basse bien présent et tout en slap percussif, la batterie bien lourde (je ne me remettrais jamais du fait que Silveria se soit définis comme un batteur "groovy", j'ai toujours trouvé ça amusant quand on compare à Rage against the Machine, bon après, c'est pas vraiment son meilleur album au niveau de la batterie, soyons honnête). Le chant claire de Jonathan Davis ajoute de la douceur.
Pour autant, peut on parler de succès ? Commercialement parlant aucun doute dessus. 11 millions d'exemplaires écoulés en 15 ans, c'est un beau travail. L'album s'ouvre même sur de la cornemuse, rassurant tous les fans : Korn reste bien Korn (à ce propos, ça manquait un peu dans les derniers albums). Mais un rapide coup d'oeil sur la set-list nous prouve que Korn ne s'assume plus autant. Adieux les featuring de rappeurs et les reprises. Korn doit assumer son côté métal, quitte à perdre son âme. L'album est en effet clairement un des plus "lourd" du groupe. Pas groovy, pas hargneux, pas violent, vraiment "lourd". Il est dur, il est costaud, il tombe d'un bloc, un seul.
En réalité, je ne peux m'empêcher de voir cet album comme une suite de Life is Peachy. Il sonne comme une évolution alternative de Korn, comme si, à la place de Follow the Leader, le groupe avait décidé de s'enfoncer d'avantage dans les ténèbres. Malheureusement, on perd pas mal de chose par rapport au 3ème album. Le jeu de batterie est bien moins développé et les échanges de guitares, moins soutenus. Le dialogue musical entre Head et Munky est moins soutenu.
Ce qui manque à l'album, c'est peut être une âme ? Le groupe a pris le risque de faire un 16 titres, c'est à dire beaucoup pour un album de métal. D'autant plus qu'il dure moins d'une heure (alors que d'autres groupes approchent les 80 minutes avec deux fois moins de morceaux). Il y a un côté vite expédié et très identique de par la proximité sonore. Certes, on garde une unicité musicale, mais on a pas non plus l'impression que tous les morceaux sont différents. Le groupe pense bien sur à offrir son lot de tubes avec Trash, Falling away from me, Let's get the party started, Make me bad et Somebody Someone.
Les morceaux entre ne sont pas pour autant louper et on apprécie même grandement Wake up et autre Counting, mais on a du mal à se rappeler des titres des morceaux tant ils se ressemblent. Ce que je trouvais génial dans l'album éponyme et dans Follow the Leader, c'est que chacun de ces deux albums, tout en ayant une unité sonore, avait des morceaux qui étaient tous uniques et identifiables facilement. Un exploit dur à réitérer.
Globalement, je n'ai pas beaucoup de repproches à faire à cet album : trop identique, pas assez de puissance, d'intensité. Un manque de chance surement, car on sent du travaille mais mal dirigé à mon avis. Les morceaux marquants sont sympas mais ne tiennent guère la comparaison avec ce qui fut fait après ou avant.
Le problème avec ce disque c'est que sans être mauvais, il n'a absolument rien d'exceptionnel non plus. Quelque part, en 1999, les fans devaient se rassurer : si même en "échouant" Korn avait un album aussi bon à proposer, c'était signe de grandes succès futurs !