Poursuivant ma redécouverte des oeuvres de Siouxsie and the Banshees, je tombe à nouveau en arrêt sur ce disque, avec son ouverture fracassante avec le titre "Spellbound", une de leurs très grandes chansons, qui oriente désormais la musique du groupe vers une forme de grandiose rock baroque, confirmant l'éloignement de l'héritage punk déjà engagé avec le superbe Kaleidoscope.
Les arrangements sont prodigieux, avec ce mélange de guitares acoustiques, rythmant la mélodie, et ce son liquide de guitare électrique, si caractéristique des trois années avec John McGeoch, fabuleux guitariste qui a profondément marqué l'univers sonore du groupe, et un univers de percussions fascinantes.
Les titres suivants approfondissent cette veine métissée, si originale pour l'époque où la vague new wave post punk était majoritairement "cold", avec un son métallique et glacé, quasi monolithique (cf. le "Faith" de Cure la même année, chef d'oeuvre caractéristique de ce courant). "Arabian Knights" est un autre sommet du disque, histoire des mille et une nuits, avec ce mélange de percussions exubérantes, immémoriales, avec tambourins, cymbales, timbales, et tambours, de basse profonde et la guitare liquide virtuose de McGeoch.
C'est brillant, c'est d'une originalité confondante, d'une inspiration mélodique rare. Évidemment la puissante et splendide voix de Siouxsie Sioux apporte une profondeur et un mystère à cet univers musical envoutant. "Night Shift" est un autre des grands titres de ce disque exceptionnel, avec une ambiance de messe noire angoissante, les guitares sont plus stridentes, à la limite de la saturation, portant une ligne mélodique d'une très grande richesse.
Avec "Sin in my heart" on est plus proche de la veine post punk de The Scream, mais avec une dimension paroxystique beaucoup plus poussée, portée par un crescendo angoissant, et des percussions hypnotiques. L'album se clôt sur "Voodoo Dolly", chanson de 7 minutes, quasi expérimentale, qui commence comme une comptine et se termine dans un sublime chaos sonore assez proche de certaines chansons du Velvet Underground, ambiance de rituel à la "Venus in Furs".
Juju est un chef-d'oeuvre.