Je tiens tout d'abord à vous prévenir, « critiquer » Magma est pour moi un non-sens. Je considère le groupe comme l'un des seuls de rock ayant aussi profondément enrichi la Musique que Mozart. . . . . .
Bon d'accord, j'exgagère, mais pas tant que ça ! Seulement, Mozart a aussi bouleversé les codes musicaux de son temps. Magma, non. (voyez comme je me persuade d'être objectif)
Cette introduction s'adresse tout d'abord à ceux qui ne connaissent pas ou qui ne se sont pas encore jeté corps et âme dans cet univers sans équivalent qu'est la Zeuhl, le genre propre à Christian Vander, le leader et compositeur quasi-exclusif de Magma.
Définir la Zeuhl est extrèmement difficile d'autant plus que l'oeuvre de Christian Vander est très diversifiée. Je dirais que c'est une sorte de pot pourri, empruntant jeu/strucures/sonorités/effets de styles à multitudes de genres, pour au final délivrer quelque chose d'absolument unique. Les principales caractéristiques du genre sont l'importance de la basse, le jeu de batterie typé jazz, les voix, et le chant en « kobaien », un langage inventé aux consonances germaniques.
Les œuvres les plus connues de Magma sont de longues suites épiques (30 à 45 minutes), tantôt opéra-rock ou périple psychédélique (je vulgarise beaucoup, j'ai honte…!). La suite la plus connue étant « Mekanik Destruktiw Kommandoh », qui n'est pourtant ni la meilleure, ni même la plus accessible d'entre elles (contrairement à K.A dont le seul défaut est son points fort, à savoir la suite épique la plus accessible/synthétique de notre volcan national)
K.A est donc de ce genre là (49 minutes). Les premières notes happent, immédiatement, tant le son est profond et riche. On ne s'embarasse pas d'introduction, en 5 secondes, le décor est planté, les acteurs sont déjà tous là. La trame de la tragédie, par un simple sentiment, est déjà claire. Vraiment, K.A a tout d'un opéra, la richesse de la musique, la tension dramatique, et même les paroles chantées dans une langue inconnue dont le sens respire pourtant à travers tout notre corps, évident. Les décors se succèdent les uns aux autres, différents et beaux, tandis que les acteurs brouillent toujours plus le sens d'un drame apparaissant pourtant de plus en plus vain. Le chant a jusque-là guidé la musique. Fin du Premier Acte. On est alors aspiré vers un second univers, intérieur au premier, sans espoir de retour. Tout se construit maintenant autour de 3 simples accords aux claviers, répétés à l'infini, jusqu'à vous en rendre fou. Fou, et ces 3 accords aussi simples que majestueux, semblent condamnés à errer dans votre tête jusqu'à la fin de vos jours, à ne plus pouvoir s'endormir longtemps après, la nuit venue. Le solo tortueux et virtuose du second clavier, ainsi que le choeur désincarné dont seul subsiste l'âme mise à nue, crue(elle), n'arrangent pas les choses. . . Coup d'éclat ! , cet univers glauque explose et disparaît sans avertissement ! Pourtant nous sommes dans un autre univers encore, faussement semblable au premier... La musique et le choeur dégagent toujours une puissance phénoménale, une énergie positive et dynamique ! . Re-coup d'éclat, noir cette fois-ci, et l'on retrouve cet univers glauque décortiquant les méandres de notre logique mentale. Il n'y a plus de repères ni d'appuis fiables, et les ambiances antagonistes se succèdent à un rythme affolant au point de se confondrent. Est alors le plus beau tableau clair/obscur que l'inconscient soit capable de concevoir, violence sombre, lourde et constante contrastant avec les dynamiques de lumières aveuglantes. C'est l'esprit fou que l'Oeuvre se conclut par ce qui n'aurait pu être autrement.