Autant dire que la désillusion concernant cet opus n'était que peu étonnante et prévisible à la vue du rendu de L'Orgasmixtape, première du nom. Pendant longtemps, Alkpote a incarné l'image du rappeur en phase avec son milieu, employant un vocabulaire riche, surprenant, plaisant, à la mesure de son personnage sombre, vulgaire et provocateur : un album tel que L'Empereur conservait le cachet d'une maîtrise évidente, parfaite équation entre des productions relativement sobres et des textes corrosifs. On ne retrouve que très peu de ces éléments dans cette mixtape, pire, une dégradation graduelle à mettre sur le compte peut-être d'un soucis marketing plus prononcé, les précédentes productions d'Alkpote, qui fussent comme le savent assez bien ses fans, des fiascos commerciaux.
C'est une déception. Une véritable déception, d'autant plus qu'Alkpote était un rappeur novateur, disposant d'un véritable potentiel, qualité sacrifiée sur l'autel dorée et tacheté du sang de plus d'un artiste, l'autel de l'argent, ces derniers préférant ratisser toujours plus large, au détriment du perfectionnisme de leurs art. C'est bien là, le paradoxe de cette mixtape : bien qu'elle s'inscrive parfaitement dans la catégorie "rap commercial trap" (aucun jugement de valeur ici, j'ai même plutôt tendance à apprécier), ce genre ne sied nullement à Alkpote. C'est sur-rappé, usant d'une rythmique sur-accentuée, avec des productions sur-pesantes. En somme, c'est une mixtape surfaite, à défaut d'être sur-mesure.
Pourtant, je ne peux décemment en vouloir à Alkpote. Lui-même considère qu'il "était temps de changer" et témoigne de la nécessité de faire du "gent-ar". Peut-on lui en vouloir, lui qui poursuit un long périple depuis presque 10 ans, sans que personne ne daigne accorder d'importance à son talent ? Définitivement, non. En guise de "Dernière Valse", il aurait simplement été préférable de conclure par une sublime valse en onze temps, que par une vulgaire musette digne de la pire des foires.