Orelsan est un artiste auquel je m’identifie beaucoup : La trentaine, Normand, abonné à l’autodérision, cynique, nostalgique et incertain mais par-dessus tout attaché à ses proches, ses amis, ses racines. Avec ce nouvel album, j’attendais un constat post «Chant des sirènes», soit la digestion d’une célébrité nouvelle.
Dès le premier morceau, «San», Orel rassure et reste sur ses bases : Face à cette nouvelle vie, le rappeur reste en proie au doute, à la vision terne de cette société mais pourtant plus sûr de lui, fier de son parcours.
La suite de l’album m’a d’autant plus rapproché de sa vision qui peut se résumer ainsi : Les soirées, l’alcool et les dérives ne sont plus une fin en soi («La fête est finie» ; «Notes pour trop tard») ; La France reste un pays peuplé d’idiots nombrilistes («Basique» ; «Défaite de famille» ; «Tout va bien ») ; Caen reste le centre du monde («Dans ma ville on traine» ; «la pluie») ; enfin construire sa vie à deux devient le projet d’une vie («Paradis»).
En revanche, certains morceaux m’ont laissé songeur. Ainsi je n’ai toujours pas compris où l’artiste voulait aller avec «La lumière», condensé d’autotune à l’instru électro quelconque sur un sorte de curieux extase. D’autre part, «Bonne meuf» est-il une dénonciation de la société sexiste ou un pied de nez, volontairement sexiste, aux féministes ? L’instru reste là aussi bien trop orienté autotune à mon gout. Enfin, malgré un feat réussit avec Diziz et Nekfeu, j’ai juste entendu dans «Zone» une sorte d’égo-trip banal, notamment sur cette prod’ sombre et plate, pourtant pas l’habitude de l’excellent beatmaker Skread.
Finalement, «Notes pour trop tard» ressemble à une conclusion à cette trilogie où l’auteur d’adresse à sa jeunesse et donne une ouverture sur cette nouvelle vie d’adulte.