"Enfant du soleil, ton destin est sans pareil..."
"... L'Aventure t'appelle, n'attends pas et cours vers elle."
Tour-à-tour chantre du sexe, gourou de l’Alliance bleue et confectionneur mélancolique, on pourrait croire avoir tout vu, tout entendu de la part de Sébastien Tellier. Et pourtant ! Le bougre aime à se réinventer en permanence, à réécrire à chaque fois un nouvel avatar, une nouvelle galaxie. Il nous était apparu il y a tout juste six mois tout nu, dans un Confection qui donnait la part belle à la composition. Tendance qui reste palpable dans L’Aventura, sublimée par l’imaginaire débordant du bonhomme.
Enregistré entre Paris et Rio de Janeiro, L’Aventura accoste au Brésil. Verre de caïpirinha à la main, Tellier y dépeint l’exploration de territoires exotiques comme l’expérience d’un monde réenchanté. Dans son périple par delà l’Atlantique, le conquistador part à la recherche des joyaux candides du passé.
Assisté par Arthur Verocai (pointure de la scène carioca), Philippe Zdar (Cassius) et le studio de Jean-Michel Jarre, Sébastien jubile. Sur fond d’influences tropicales, le kitsch de Vladimir Cosma tutoie l’impertinence du groupe Magma. Sa plus grande réussite est ici d’arriver à livrer un travail époustouflant de précision et de richesse, sans jamais tomber dans l’expérimentation prétentieuse. Évoluer dans cette jungle de sons est un véritable plaisir. Mention spéciale au chef-d’oeuvre “Comment retrouver Oursinet”, odyssée nostalgique de près d’un quart d’heure (!) dédié à son doudou adoré, et à “Ricky l’adolescent”, véritable bijou psychédélique.
L’Aventura est un disque consacré à la recherche de l’enfance, à la (re)découverte d’un monde rempli de merveilles et de promesses. L’auditeur y survole les Cités d’Or aux côtés d’Estéban (“L’Adulte”), perché sur le dos de ces oiseaux que l’on devinait prêts à s’envoler sur la jaquette de son précédent album et qui nous apparaissent resplendissants, sous mille parures insoupçonnées. Paradoxe brillant : en dédiant L’Aventura à l’enfance, Tellier achève de revendiquer sa maturité.
Ce regard innocent sur le monde, le nouveau père le retrouve sans doute à travers les yeux de son enfant qui fête tout juste sa première bougie.
Enfance, paternité. Une nouvelle aventure qui reste à écrire ?