PNL, que l’on aime ou pas, est sans aucun doute possible le phénomène rap de cette année 2015 en France. Si l’on fait abstraction des seuls chiffres de vente de leur album LE MONDE CHICO (dont la critique est l’objet), l’engouement et l’excitation née autour du duo originaire de Corbeille-Essonne, les débats sur les réseaux sociaux, l’important relai réalisé par les médias (au-delà-même des limites conventionnelles dans lesquelles sont cantonnés la majeure partie des projets estampillé rap) et bien entendu, les millions de vues sur Youtube qui s’empilent, sont autant de facteurs qui placent les deux frangins sous les feux de projecteurs qui ne semblent, pour le moment, pas prêt à se détourner d’eux.
Forcément, avec une introduction pareille, l’objectivité de cette critique est d’emblée mise à mal, et pourtant : si globalement l’album de PNL est plutôt une réussite, force est de constater qu’il est malgré tout imparfait.
Deux qualités placent d’emblée l’auditeur dans de bonnes dispositions lors de la première écoute : le choix des instrumentales d’une part et l’univers dégagé par les deux artistes d’autre part, mais bien évidemment les deux vont de paires. Il faut bien reconnaître cette qualité au groupe : quand on écoute du PNL, on écoute un produit original, avec un univers propre et cohérent, des gimmicks efficace sublimés par des instrumentales de qualité, le tout enrobé parfois d’une profonde mélancolie (Le monde ou rien, Sur Paname) d’une rage de vaincre affirmée (Abonné), d’une certaine légèreté (J’vends) ou au contraire une atmosphère pesante (PTQS, Oh lala), le tout parfaitement servi par la maîtrise impeccable du vocoder des deux rappeurs. Ce qui frappe c’est la sincérité (Le temps passe, je vois le soleil se lever, se coucher, je mens quand je dis ça va) et la froideur (Seul, je bicravais, tu regardais les télétubbies) qui transparaît dans leurs textes, chaque morceau composant une partie d’une immense fresque retranscrivant leur quotidien de banlieusards en quête de gloire et, le tout en famille (l’inévitable QLF scandé comme un cri de guerre tout au long du disque).
Oui mais voilà, une fois passé outre l’univers, ce qui saute aux yeux et sans aucun doute de manière encore plus claire quand on rapproche QUE LA FAMILLE le précédent effort de celui-ci, c’est la redondance textuelle et thématique du groupe, qui est sans aucun doute le gros point noir qui fait que cet album tout en étant un bon album, ne passe pas ce cap qui permettrait de le qualifier d’excellent. Qui plus est, les featurings sont quelque peu faiblards et il est possible d’émettre un doute sur leur valeur ajoutée, artistiquement parlant, parce qu’on ne doute pas que leur but premier est d’apporter un peu de lumière sur cette famille dont ils parlent si souvent et qu’ils n’osent présenter que maintenant. Ajoutons à cela quelques titres dispensables en fin de disque (Tempête, Dans la soucoupe) et il reste un projet finalement assez perfectible, mais ces aspérités sont sans aucun doute le prix à payer lorsque l’on veut éviter l’aseptisation d’un major en restant indépendant.
Pour conclure, oui cet album fait du bien au rap français, oui cet album est cohérent, bien construit et change de ce qu’il est servi habituellement dans les bacs, mais ce n’est aucunement l’album de l’année et espérons que l’essoufflement que l’on ressent en fin de course n’est pas un signe annonciateur d’un prochain projet bien plus faible que ses deux aînés.