Si il y a bien une chose qu'on ne puisse pas reprocher à Linkin Park, c'est sa perpétuelle évolution. Inutile de revenir sur les deux premiers opus du groupe, orienté Néo Metal/Fusion, bons mais peu intéressants en fin de compte. C'est à partir de "Minutes To Midnight", qui verra le groupe effectuait un virage à 180 degrés avec une forte dose de Pop Rock très efficace et moderne ajouté à une énergie caractéristique, que le groupe explosera véritablement d'un point de vue artistique et commercial. Une énergie qui s’essouffle légèrement sur l'expérimental et ardu " A Thousand Suns" qui dévoile encore une fois un changement, bien plus orienté électro que les albums précédents. Pourtant, le résultat est consistant, bien que ne marquant pas les esprits outre-mesure.
"Living Things" est dans la même veine que son prédécesseur, bien qu'on retrouve plusieurs éléments de "Minutes To Midnight", ce qui n'est pas pour me déplaire étant donné que j'apprécie fortement cet opus.
En douze titres, Linkin Park reste toujours dans une mouvance commune : de l'électro-rock, saupoudré quelques fois de parties plus virulentes ("Victimized", hurlé par un Chester Bennington déchaîné) qui sont d'ailleurs bienvenue. Ce mélange prend toute sa mesure dans le premier titre, l'excellent "Lost In The Echo", au côté futuriste. Le break où Chester se met à hurler est une petite jouissance. Il faut dire que ce dernier utilisait de moins en moins ses cordes vocales de façon violente.
Certains reprochent l'aspect trop commercial du groupe. Mais bon dieu, Linkin Park est commercial depuis son premier album, il suffit de voir les palettes d'albums vendus et les singles diffusés en boucle à la radio. Alors certes, c'est encore plus accru aujourd'hui, mais cela n'enlève rien au talent. Vendre des disques n'est pas synonyme de "merde". Les gens sont, parfois, stupides.
"Living Things" est un album très easy-listening, c'est sûr et certain. De "In My Remains" à "Castle Of Glass", le groupe propose des morceaux originaux, très faciles d'accès (la production, puissante et claire, aide beaucoup) qui sont tous des singles potentiels, ce fut le cas pour "Burn It Down" et surtout la superbe "Castle Of Glass", une composition calme et apaisante, au rythme soutenu, ce qui confère une beauté caractéristique. Le chant de Chester est enchanteur, nous transportant d'un monde à un autre. Chacune des chansons a une caractéristique propre qui la rend unique, donnant un petit bonheur supplémentaire : les refrains de "Lies Greed Misery" et "I'll Be Gone", le côté happy moderne de "In My Remains" (aux beats entraînants) et j'en passe.
Malheureusement, le bat blesse dans la seconde partie de l'album, débutant après la courte et très efficace "Victimized". Le groupe propose des chansons plus calmes, des balades pour la plupart, bonnes mais pas transcendantes. C'est le cas, en particulier, de "Roads Untraveled", qui est assez exaspérante. Commençant par une jolie mélodie, elle tombe dans la soupe par un pré-chorus sirupeux ("oh oh oh"). Même si la guitare sauve le tout (grande absente sur cet album), la chanson peine à convaincre. Une overdose de bons sentiments.
Linkin Park retourne dans les fonds de l'expérimental "A Thousand Suns" avec le diptyque "Skin To Bone/Until It Breaks". La première est très anecdotique et assez énervante (les lignes de chant), quant à la seconde, Mike Shinoda semble patauger dans le néant. L'album se conclut sur "Powerless", jolie ballade électronique, douce et apaisante.
Même si on trouve de bonnes choses dans la seconde partie, les chansons ne réussissent pas à suivre correctement les sept premières chansons, c'est d'ailleurs un problème récurrent chez Linkin Park : de bonnes chansons et d'autres très anecdotiques, voir mauvaises. "Living Things" n'échappe pas à la règle mais a le mérite de plaire. Un album concret et agréable, sympathique à écouter pendant l'été.