Nous pouvons dire un grand merci à Emil Svanägen : son projet musical, Loney Dear et la musique qui en découlent sont une vraie bénédiction par ces temps plutôt moroses. Le genre d’artistes qui peut vous faire croire l’espace d’un instant que la pop peut apporter un bonheur éternel. Coup sur coup, sortent internationalement les deux derniers albums du Suédois, avec retard, et grâce notamment à Sub Pop qui a craqué sur l’écriture ciselée du bonhomme. Si Sologne est distribué chez nous par un indépendant, Differ-ant, le dernier Loney, noir se voit promu sur une major, preuve que le buzz monte, monte...Emil excelle dans l’art d’appâter l’auditeur avec sa voix un peu sucrée (un peu à la Tahiti 80) et une jolie ritournelle qui se met en place tranquillement avec une gentille guitare.
Les titres de Loney, Dear sont chaque fois comme un arbre en fleurs qui ne dévoilerait pas tout de suite qu’il fait partie d’une forêt magique. Chaque morceau ne peut laisser imaginer en son début ce que l’on trouvera par la suite. En plus, Emil change chaque fois l’objet de notre surprise et de notre émerveillement : des chœurs enjoués, une section cuivres et bois, des programmations électro (aussi mutine que chez Postal Service), un glockenspiel frivole, ensembles ou séparés, viennent enrichir les morceaux avec luxuriance (Sinister in a state of hope, I am John et tout le reste). Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse et la machine Loney Dear s’emballe immanquablement avec allégresse et gaîté. Même dans un moment plus calme, comme la valse The meter marks on, il y a toujours cette légèreté qui porte le morceau. Un vrai régal et deux raisons de craquer.