Magnum: magnez-vous de l'éviter
D'abord artisan d'une chanson française qu'il a voulue teintée d'une forte influence bossa nova, le dénommé Philippe Blanchard, plus connu sous le nom de Katerine, aura ravi au fil de sa longue et caméléonnesque discographie le cœur d'une horde de fans d'expériences musicales incongrues. Après un premier détour vers l'electro (Robots après tout) et un avant-dernier album éponyme que l'on pourrait qualifier de sketch auditif, ce drôle d'animal revient avec Magnum vers un son plus synthétique, plus facile, moins réjouissant, en tous les cas, qu'à l'accoutumée. Cette fois-ci, c'est sur les terres désolées de la musique disco que Katerine nous entraîne, sans aucune précaution et en nous tenant la main si fort que ç'en est désagréable. Désagréable, c'est d'ailleurs l'adjectif qui correspond sûrement le mieux à ce nouveau disque qui n'a strictement aucun intérêt musical, ni philosophique d'ailleurs. On pouvait espérer qu'embaucher un producteur aussi populaire que SebastiAn suffirait un justifier l'effort : il se trouve que ce dernier nous a rarement habitué à d'aussi mauvaises vibrations. La raison est simple : on ne peut pas, en 2014, faire comme si les années 80 n'avaient jamais existé sans passer pour un objet vétuste, et si l'on entend bel et bien la mer en introduction de Magnum, la suite ne fait pas de vagues. Indigeste autant qu'indigent, Katerine passe ainsi du statut de troubadour des temps modernes à celui d'ersatz de Pino d'Angio, illustre artisan de la disco italienne des années 1980. On peut toujours prétexter que le but est de rire, voire de danser, mais la déception est grande : Philippe était autrefois un vrai musicien, et s'il nous a habitué au sordide, celui-ci était jusque là subordonné à la musique. Quitte à jouer la carte du mauvais goût, autant que cela apporte à la Musique ou aux Idées : balle au centre, Katerine ne se mouille pas et fait prendre à sa carrière un tournant qui évoque un Gainsbarre au bout du rouleau.