Mandylion par Nolwenn-Allison
Trop souvent considéré comme leur premier album, Mandylion marque une rupture avec les précédents albums de The Gathering. Fini le death metal, place maintenant à une ambiance doom, portée par la voix aérienne d’Anneke van Giersbergen qui fait une entrée remarquable dans le line-up sur cet album. Mandylion est devenu un album culte de leur discographie et ce n’est pas sans raison…
Une vitrine alléchante nommée Strange Machines se fait entendre délicieusement. Tous les éléments sont mis en place pour en faire un très bon morceau d’ouverture : des riffs entraînants, une Anneke qui montre dès le départ toutes ses qualités vocales, navigant aisément entre les graves et des notes plus aiguës. Un morceau vraiment dynamique et qui donne la pêche, mais au final, il est bien le seul morceau entraînant de l’album, le reste étant plus « posé » et atmosphérique.
Eléanor joue sur les rythmes, commençant lentement pour nettement dégénérer lors du pont où la guitare et la double caisse d’un côté et les claviers de l’autre se répondent dans un duel instrumental épique où la voix d’Anneke conclut le tout sous forme de trêve. Leaves est, à l’instar de Strange Machines, un titre puissant et accrocheur, peut-être l’un des morceaux les plus faciles d’accès de l’album, qui d’une complexité déstabilisante. Mandylion, le titre instrumental, présente des influences orientales marquées par des instruments plus ethniques qui rappellent Dead Can Dance, The Gathering ne s’étant jamais caché de l’influence du duo australien. La voix d’Anneke sur ce titre (eh oui, elle chante même sur les instrumentaux) est utilisée plus comme un instrument, parfaitement maîtrisée et envoûtante. Et comment ne pas parler du dyptique In Motion qui forme une ligne conductrice dans cet album, la première partie et son jeu de claviers rappelant une ritournelle rendue mélancolique par le chant d’Anneke. La deuxième partie est tout de même plus aboutie, pour la montée en puissance dont l’apothéose consiste en la reprise du refrain de la première partie qui est tout juste jouissive.
Mandylion a en son sein de très bons titres qui font de lui un album presque parfait. Mais il reste dans l’ensemble deux morceaux qui pèchent un peu : Fear The Sea et Sand & Mercury. A eux deux, ils forment le duo un peu boiteux de l’album. Fear The Sea semble être une pale synthèse de ce qu’on a pu entendre dans les titres précédents et c’est un peu le même reproche que je ferai à Sand & Mercury, outre ses dix minutes qui se font réellement ressentir.
Ce qu’il faut savoir de Mandylion cependant, c’est qu’on ne peut pas réellement dire si tel morceau est bon ou pas. Même si Strange Machines ou Leaves nous branche facilement dans l’univers de The Gathering, les autres morceaux sont plus difficiles à aborder du fait de l’abstraction totale au niveau des mélodies et de la construction des morceaux. Ce n’est en aucun cas un reproche, au contraire, cela contribue à l’ambiance particulière de l’album. Il faut donc l’écouter plusieurs fois pour pouvoir apprécier pleinement la majorité des morceaux et même après cela, certains n’auront pas encore su vous dévoiler tout leur potentiel.
The Gathering délivre ici réellement leur premier véritable album. Alors que les deux premiers albums étaient assez impersonnels et indigérables, leur signature sur ce Mandylion se fait entendre dans chacun de ces morceaux et leur structure est réellement travaillée. Les morceaux plus simples côtoient d’autres plus complexes, ce qui oblige à le réécouter de nombreuses fois. Le groupe trouve donc sa direction sonore mais également vocale avec la présence d’Anneke van Giersbergen qui impose une voix tout simplement impressionnante et magique. Il fait donc partie des incontournables, des grands classiques que tout fan de métal atmosphérique doit posséder dans sa discothèque.