Master of the Rings
6.9
Master of the Rings

Album de Helloween (1994)

Si il y avait un album dans la longue discographie d'HELLOWEEN qui marque une renaissance, c'est bien ce "Master Of The Rings". Mais, est-ce qu'en 1994, on peut parler de renaissance alors que les teutons ne sont jamais morts musicalement parlant ? "Chameleon" est l'album considéré comme la bête noire d'HELLOWEEN, alors qu'au contraire, il est trop souvent sous-estimé. Et oui, je suis peut-être un des seuls sur Terre à apprécier ce dernier volet des aventures de Michael Kiske avec les citrouilles germaines. Mais c'est un autre sujet.

Bref, "Master Of The Rings" marque le début de la seconde partie d'HELLOWEEN (ou troisième si on compte le départ de Kai Hansen comme un cap). C'est, à mon sens, la fin du Happy Metal que pratiquait le groupe. Bien que par la suite, plusieurs titres seront dans cette lignée, la grande majorité revêt un côté plus Heavy, plus sombre (dont le paroxysme est atteint avec "The Dark Ride", et "Better Than Raw" dans une autre mesure). Ce "Master Of The Rings" transpire tout de même la bonne humeur, surtout si on le compare aux deux précédents opus. "The Game Is On" en est l'exemple type, même si on vire un tantinet dans le ridicule avec des effets jeux vidéos assez ignobles, on sent que l'arrivée d'Andi Deris se fait dans la joie. Il signe d'ailleurs plusieurs textes (il me semble, à moins que ce soit aussi pour la musique), passant de paroles légères ("Perfect Gentleman" et ses quelques phrases dans la langue de Molière) à d'autres plus adultes ("In The Middle Of A Heartbeat"). C'est une bonne chose de voir que le petit nouveau s'intègre de cette façon. La suite confirmera mes propos, car encore aujourd'hui, il officie à son poste.

Pour éviter d'entrer dans le sempiternel débat pour savoir qui est le meilleur entre Kiske et Deris, je dirais que les deux ont leurs qualités dans leur propre style. La voix d'Andi Deris est parfaitement adaptée à la nouvelle musique d'HELLOWEEN (si on peut employer ce terme), cette dernière se voulant plus Heavy sur les bords. Imaginez un Michael Kiske chanter sur "Soul Survivor"... Dur, n'est-ce pas ? Mais, le passé est le passé. Si Andi Deris ne chante pas dans le même registre que Kiske, il assure autant que ce soit dans son chant régulier ou dans ses montées aiguës (un exercice où il excellera plus tard). Et son côté rocailleux donne un certain charme aux lignes de chant, comme sur "Soul Survivor" ou "Perfect Gentleman").

Les personnes perdus lors des deux précédents opus retrouvent leur HELLOWEEN d’antan, bien que le résultat final reste un brin plus Heavy. Des speederies HELLOWEEN-ienne comme "Where The Rain Grows" ou "Still We Go". La première est une excellente composition où les mélodies frappent, le passage à la twin étant un pur régal. Il faut saluer le talent qu'à HELLOWEEN pour pondre des singles rafraîchissant et doté de sérieux atouts en poche. Quant à "Still We Go", elle rassure l'esprit des fans soucieux de savoir si le combo à renouer avec cette sorte de tradition. Elle conclut l'album sur les chapeaux de roue avec un riff typé Speed qu'on retrouve tout au long des cinq minutes, alternant des parties plus lentes mais terriblement Heavy avec des accélérations simples mais bien senties.

"Sole Survivor" déboule après une courte introduction qui rappelle les films Disney (!). Elle est le schéma de certains titres futurs des germains : emmenée sur les couplets par une double grosse caisse dominante. C'est une des caractéristiques de l'ère Deris. Le résultat est plus que convaincant, la chanson est dotée d'un pré-refrain très intéressant où Andi Deris est tout mignon. On peut juste reprocher un refrain un brin trop facile, et un solo ne marquant pas plus que ça. Ce n'est pas le cas de titre tel que "Secret Alibi" où le groupe montre un aspect plus Heavy sur le riff. Le refrain transmet une certaine beauté, quelque chose dont il est difficile de poser des mots dessus. Reste que les "Can We Do It Right" et "My Secret Alibi" sont mignons tout plein. "Why ?" est aussi dans cette optique : l'apport de guitares acoustiques et la cassure sur le pré-chorus sont de sacrées bonnes idées ! Andi Deris atteint un pique émotionnel avec des "Why, Lord Why" déchirants, où il montre toute la maitrise de son organe. Même le solo plus Rock est un délice.

Gegers n'a pas tort en évoquant le côté Rock N' Roll de certaines compositions, même si je ne suis pas d'accord sur leurs choix. L'énergie Rock prend tout son sens sur le sympathique "Take Me Home", au rythme rapide où les courts soli sont bien jouissifs. On retrouve encore le côté délirant d'HELLOWEEN. Cet aspect est surtout présent sur le génial "Perfect Gentleman". Il suffit de regarder le clip pour s'en assurer : c'est con, c'est fun, c'est HELLOWEEN ! Les touches de claviers rendent très bien, la basse est limite groovy sur un pré-chorus imparable et le solo s'adapte sans aucun problème. Si c'est pas du bon titre, je ne m'y connais pas !

Tout n'est pas rose sur "Master Of The Rings". Écoutez donc "Mr. Ego" pour vous en assurer. Chanson la plus longue de l'album, elle n'en reste pas moins forte agréable et coupe légèrement avec la teneur générale. On vire carrément au Heavy Metal sombre avec des couplets solides et sérieux, et un superbe refrain où Deris fait encore des merveilles en transportant l'auditeur ("Take Me Down"). Les nappes de claviers confortent l'ambiance à la fois noire et magistrale.
La ballade, " In The Middle Of A Heartbeat" est une véritable réussite au feeling assez funeste. Que ce soit les jolies mélodies à l'acoustique ou les apparitions des six cordes électriques, on touche à la perfection. Le paroxysme est atteint avec le double solo à l'acoustique, qui donne des frissons. "In The Middle Of A Heartbeat" est une ballade typique des années 90, si on regarde bien : plusieurs groupes d'Hard Rock (ou même Rock tout court) feront dans le même domaine. Par contre, je lui trouve une nette ressemblance avec le "Cats In The Craddle" d'UGLY KID JOE...

Ainsi se termine le périple de ce "Master Of The Rings". HELLOWEEN marque encore des points avec un album varié (pas dans le même genre que "Chameleon", j'en conviens haha), où quasiment toutes les compositions brillent grâce à des passages habilement placés qui rendent la musique si merveilleuse. Andi Deris est, bien sûr, la surprise de l'album. Et quelle surprise ! En voilà un chanteur solide et vocalement très doué, un digne successeur de Michael Kiske. Côté pochette, elle reste agréable bien que peu original. Tout comme le livret où la bonne humeur d'HELLOWEEN est présente (ces petits dessins).
"Master Of The Rings" est un excellent opus, qui annonce une suite éclatante, du même acabit (et ça sera le cas jusqu'à "The Dark Ride").

Chansons favorites : "Where The Rain Grows", "Mr. Ego", "Perfect Gentleman", "Take Me Home", "In The Middle Of A Heartbeat".

(critique publiée sur le site Nightfall sous mon ancien pseudonyme, KingKilling)
Nikki
8
Écrit par

Créée

le 4 janv. 2014

Critique lue 341 fois

7 j'aime

Critique lue 341 fois

7

D'autres avis sur Master of the Rings

Master of the Rings
Cellophane
8

Critique de Master of the Rings par Cellophane

Un album qui retourne au hard après le précédent plus épars dans le style avec, il faut l’avouer, une excellent qualité dans la composition, de la batterie (moins chargée qu’au début) à la basse ou...

le 25 janv. 2018

Master of the Rings
diegowar
5

Critique de Master of the Rings par diegowar

Avec la première moitié de l'album je m'y retrouvais déjà un peu plus, mais il reste quand même une part que je trouve très moyenne... Irritation : 6 Sole Survivor : 7 Where the Rain Grows : 6 Why? :...

le 30 août 2012

Du même critique

My Own Private Idaho
Nikki
7

Use Your Illusion.

La première scène s'ouvre sur un jeune homme à l'air égaré mais sûr de lui, planté au beau milieu de nulle part. Il porte un petit bonnet, couvrant sa coupe blonde rebelle et des habits usés, signe...

le 27 févr. 2014

46 j'aime

7

Blue Ruin
Nikki
5

Les sanglantes aventures du petit gros à tête d'abruti.

"Une merveille !". C'est ce qu'on peut lire en haut de l'affiche. Je reste dubitatif, très dubitatif. Blue Ruin est d'une simplicité effrayante : un homme cherche à se venger, point barre. Les...

le 1 juil. 2014

30 j'aime

15

Simetierre
Nikki
9

The love, then the death.

La lecture de "Simetierre" est éprouvante. Artisan des mots, manipulateur des émotions, Stephen King nous livre ici une oeuvre tellement puissante qu'elle en devient gênante. "Simetierre" aborde le...

le 4 janv. 2014

30 j'aime

3