Mellon Collie and the Infinite Sadness par FlyingMan
On le sentait venir. Déjà sur Siamese Dreams, la quantité de titres était impressionnante. Déjà à l'époque la bande à Billy avait failli faire un double album. Heureusement, il a attendu le suivant. Retravaillant sur les démos laissées sur le carreau en 1993, continuant sur son niveau impressionant d'inspiration et de composition, et surtout, pour la première fois, travaillant en groupe en laissant les trois autres participer. Bon ca reste Corgan, donc sur les 28 titres, seuls deux ne sont pas écrits pas la tête de citrouille (Take Me Down et Farwell And Goodnight par James Iha) Mais leurs arrangements, leurs styles et leurs enregistrements sont enfin présent sur chacun des titres. L'époque où les Smashing Pumpkins fonctionnaient enfin comme un tout.
Divisé en deux partie, l'un intitulé Dawn To Dusk et l'autre Twilight To Starlight, Mellon Collie And The Infinite Sadness est un concept album. Un double album à l'époque du CD qui n'aurait donc pas moins été qu'un triple LP à l'époque des Beatles ou des Pink Floyd. La quantité de travail abattue est impressionnante, surtout qu'en plus, nombre de titres ont été encore recalés. Des démos disponibles sur Aeroplane Flies sorti l'année d'après et prouvant bien qu'ils méritaient également leur place sur l'album. Produit par le génial Flood, à qui l'ont doit les meilleurs albums de U2, Depeche Mode, Nine Inch Nails, Mellon Collie passe à un niveau sonore supérieur. Un son plus lourd et claire à la fois, mais surtout encore plus sombre. Certains diront, à juste titre, que l'ambiance et les paroles mélancoliques, ayant fait leurs gloires, commencent à bien faire. Mais comment ne pas être sur le cul par les riff de Zero ? Bon d'accord le "Emptiness is loneliness, and loneliness is cleanliness, And cleanliness is godliness, and God is empty just like me." est un peu lourd. Mais quel grand moment en concert ! Parce qu'heureusement les tubes ne manquent pas. Après l'introduction au piano, Mellon Collie se dévoile sur le cultissime symphonique Tonight, Tonight. On se demande comment il n'a pas été choisi en single plus tôt tellement il a bien vieillit. Et puis y a Bullet With Butterfly Wings. Un des symboles des 90s. Billy et son célèbre t-shirt "Zero". Terminé d'être habillé comme un sac. Le dépressif de Seattle est mort. Les Smashing Pumpkins se construisent un look. Le deuxième disque est moins tubesque, quoique... y a ce 1979 qui reste à ce jour le plus grand hit du groupe. Y a notamment ce Bodies en rouleaux compresseur avec les basses poussées à fond. Dantesque ! Étrangement, c'est aussi le disque le plus pop. Ce deuxième CD faisant plus la part belle à la guitare acoustique et aux mélopées douces.
Y a tellement à dire... L'album est long, très long. Il dépasse les 2 heures, et pourtant difficile d'être critique. Il y a bien ce Tales Of Scorched Earth pas terminé qui aurait mieux fait de céder sa place à une b-side et cette fin assez excentrique. Plusieurs titres à la suite en fin de disque, comme We Only Come Out At Night, présente juste parce que Corgan venait de s'acheter une cithare et que les autres en riaient car il ne l'utiliserait jamais, ou ce Farwell And Goodnight, simple berceuse. Mais chacun de ces titres amène finalement une facette à l'album. Une légèreté nécessaire à un moment donné dans le disque parfois lourd, ou une conclusion à l'image du concept de l'album.
Billy Corgan comparait Mellon Collie à l'époque plus à The Wall des Pink Floyd pour son côté concept qu'à l'album blanc des Beatles, plus une collection des titres. Encore à ce jour, les critiques de la génération dorée baby-boomer lui en veulent pour cette arrogance. Et pourtant, cet album est bien le The Wall de la Generation X. Mellon Collie And The Infinite Sadness fait bel et bien partie du top 5 des albums les plus cultes des années 90. Il est aussi pour le groupe la fin de quelque chose. Après plus rien ne sera comme avant. L'electro pointera le bout de son nez quand ce n'est pas la drogue leur privant d'un membre du groupe. Finalement Mellon Collie And The Infinite Sadness est le dernier album avec la formation d'origine. La début de la fin ?