Second album des Casseurs Flowters, Orelsan et Gringe reviennent plus puissant que jamais, et croyez moi, ma note ne signifie pas que cet album est à éviter. Orelsan vient de nous balancer deux disques d'affilés absolument sublimes où il assume un rap mature remplis d'humour, avec de véritables messages derrière. Faire un nouvel album avec Gringe, ça peut être un risque, pour lui comme pour sa carrière. Il esquive cela en décidant de déconner avec son pote, finalement, c'est surement ce qu'il font de mieux. Le duo offre alors au rap français, un album de folie où le flow coule à flot et le succès est garanti.
Les deux compères décident de réaliser un concept-album racontant une journée typique des Casseurs Flowters, c'est à dire Orelsan et Gringe. Un album composés de petits morceaux sur le quotidien de ces deux branleurs, ces deux loosers, ces deux paumés. Le tout ponctué de petit actes entre les morceaux, transitions donnant vis à l'album, particulièrement bien faits. C'est vraiment pas un gadget mais une utilisation raisonnée et de qualité.
Enfaite la force de l'album, c'est aussi sa faiblesse, il assume son côté drôle, fun et totalement délire. Du coup, on a quand même rapidement l'impression d'avoir à faire un disque superficiel. De qualité certes, dans cette superficialité mais quand même, on aurait pu creuser d'avantage dedans. A côté de ça cependant, chaque piste est bien travaillé, les instrus sont toutes différentes et variés mais on a quand même l'impression que les textes se suivent et se ressemblent, un peu comme les flows d'ailleurs. Pourtant, dans les deux cas, c'est excellent, on se marre et on est impressionné. On trouve clairement ici un vrai succès, mais bon ça n'empêche pas qu'on se dit que bon, c'est ressemblant.
La thématique du branleur est vraiment utilisé de manière sur-abondante (Regarde comme il fait beau, Stupide ! Stupide ! Stupide !, Deux connards dans un abribus, Fais les Back) pourtant, ce sont globalement les meilleurs titres de l'album. On a quand même plusieurs délires bien fun, sur les potes trop lourds (Change de potes), sur la prostitution (Les putes et moi) et même sur l'asexualisation d'un R'n'B cliché (Johnny Galoche). Le délire se trouve à l'extrême dans Bloqué et La Mort du Disque. On appréciera aussi le bon morceau d'alcoolique avec Manger c'est triché.
Notons que l'ambiance musicale est vraiment variée, on reste jamais dans un seul univers et on visite vraiment plusieurs styles très différents bien qu'à chaque fois, ça fasse mouche. Une belle réalisation sur ce terrain là et on ne peut qu'espérer que le prochain album suivra cette direction.
Finalement, avouons le, le quasi-totalité des pistes (même l'intro-japonaise) sont vraiment excellentes, avec plusieurs gros tubes qui donnent bien envie de s'éclater. Mais, comme je disais, le gros point faible reste que c'est très creux, très superficiel, même les thèmes assez sérieux sont traités de manière totalement superficielle. L'album qui se finit avec Des Histoires à raconter semble vouloir justifier cela, apporter plus de sérieux, et pourtant, ça sonne très faux comme une justification de dernière minute alors que pourtant, dans le disque même, Orelsan et Gringe assume que c'est du délire.
Le rap français offre donc un album qui, dans la forme, est un des meilleurs de ces dernières années, mais dans le fond, est d'une pauvreté absolue, sauvée uniquement par la qualité sonore. On s'amuse à fond et c'est déjà pas mal, mais on est en droit d'attendre autre chose à l'avenir, c'est à dire : du fun et de la réflexion.
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