Les Casseurs Flowters, quel groupe étrange et bien bordélique... à l'image de leurs chansons, quoi. En gros, le crédo du groupe: ne rien foutre de la journée. Voilà. Et c'est sur ce programme assez, comment dirais-je, vide, qu'Orelsan (rappeur que je respecte beaucoup) et Gringe (plus suiveur) proposent de raconter une histoire, transformant alors le disque en album concept. Certes, l' "histoire" en elle-même tient sur deux lignes: ils ont une journée pour faire une vraie chanson. Ils n'y arrivent pas (en piste caché, ils fuient en laissant une démo pourrie à leur producteur). A moins que ce soit, inconsciemment, "Des histoires à raconter" le tube fictif du disque. Au final, alors, tout peut devenir inspiration, même la glande. Cela ne rend pas pour autant leur vie plus passionnante. Voilà, à mon avis, le message des Casseurs Flowters, et ils recommenceront en étant plus clairs et précis avec le projet "Comment c'est loin". D'ailleurs, on a compris, j'espère qu'ils vont passer à quelque chose de plus mordant maintenant...
Il s'ouvre en fanfare, comme pour un générique de manga animé. Les transitions en dialogues, constance pendant 1 h 7, apporte une nouveauté auditive salutaire (surtout pour du rap français). Ça crée une cohérence originale. "Regarde comme il fait beau" (samplé avec un faux générique de dessin animé pour enfant, fallait trouver !), "Tu m' dois de l'oseille" (le seul titre chanté par Ablaye, et il a un truc, à développer cependant), "Deux connards dans un abribus" (très original, et j'ai pas pu m'empêcher de rigoler à certains passages), "la mort du disque" (mais la musique est naze, dommage c'est la seule composée par Orel...), "Dans la place pour être" (autobiographique pour les deux, mais c'est évident qu' Orelsan a une plus grande faculté d'émotion), "Fais les backs" (hyper entrainant !), "les putes et moi" (même si trop long), "Johnny Galoche" (surtout la guitare...), "change de pote" (la meilleure: totalement originale dans la Chanson française, et tellement bien faite !), et donc "des histoires à raconter", très touchant, sont les très bons titres de l'album. Il se distingue pleinement par une originalité très stylisée. Le problème, c'est les autres. Parce que les autres sont vraiment ratés, ou ne présentent tout simplement aucun intérêt. Je pense alors à "Stupide, stupide, stupide" (avec référence à la baise un peu hors-sujet, et c'est récurent sur tout le disque), "Prends des pièces" (musique sympa cependant), "Bloqué" (WTF sérieux...), "La nouvelle paire" (à quoi sert cette chanson ??), le couplet de Claude est très vite lourd, typiquement une fausse bonne idée, "manger c'est tricher" est intéressant mais ne tient pas debout et "Greenje et Orselane" a une idée de base très sympa mais le rendu est affligeant.
En résumé: ils sont deux trublions qui proposent quelque chose de vraiment différent, et ça c'est plus que honorable. de plus, c'est ça qui a permis de produire leurs meilleures chansons. Maintenant, il ne faut cependant pas partir dans des délires incompréhensibles où on s'extasie juste en criant "Youhou, on est les Casseurs Flowters !". Ce sont les erreurs qu'ils ne reproduiront pas sur "Comment c'est loin".