Out of Time
7.2
Out of Time

Album de R.E.M. (1991)

Ca y est, ça y est ! Le moment est enfin venu où je vais hausser ma note de 5/10 à l’album Out of Time de R.E.M. à 6/10 !

Ouais, je dois bien être l'une des seules personnes sur Terre qui prennent autant à cœur ses notes. Eh bien vous devriez aussi, oui oui. Pour ma part, la différence entre un 5 et un 6/10 est plus importante qu’elle n’y paraît. Quand je mets 5, c’est que je suis entre deux, évidemment. Est-ce que Out of Time est un album réussi ou une arnaque vendue à plus de dix-huit millions d’exemplaires ? Ou plutôt, est-ce que j’aime bien cet album malgré ses (gros) défauts ?
Et là je suis passé au stade de : « C’est peut-être un album moyen, mais aussi une victime d’un succès immérité (18M d’albums vendus pour un album où il y a des chansons comme Low ou Belong ? O_o) qui cache à mon avis la facette du disque qu’on ne connait pas, celle moins vendeuse. Bref, les perles cachées, car c’est quand même R.E.M. au sommet de sa gloire qu’on a là ! ».


Je le dis tout de suite : Cet album n’est pas excellent. Il n’est même pas très bon, et c’est bien sûr une erreur de découvrir le groupe avec. Mais pour les fans du groupe par contre, ça reste un petit bijou tant il regorge de ces petites pépites que j’ai parlé.


Pourtant, avec Radio Song, ça ne pouvait pas plus mal commencer. Cet espèce de funk hip-hop qui essaye de se la jouer cool, mais qui en réalité, ne l’est absolument pas. Et les passages hyper craignos où Stipe chante « I turned up the raaaaaaaadio », ohlala. Vous vous souvenez d’Harborcoat
Les premiers morceaux des albums de R.E.M. ont cette capacité d’arriver à nous donner rapidement une idée de ce qu’on va écouter. Avec Feeling Gravity Pull, on est tout de suite prévenu de l’environnement hostile dans lequel on entre. Avec The Finest Worksong, on apprend tout de suite que le R.E.M. qu’on connaissait est définitivement mort. Et avec Radio Song, on sait tout de suite que l’album qu’on va écouter promet d’être bien commercial.
Et donc bien pourri ?
Pas loin, pas loin. Le nombre imposant de musiciens additionnels (près d’une vingtaine) nous rappelle tristement les années IRS ou R.E.M. était une unité soudée de quatre musiciens talentueux. Out of Time l’engouffrement dans le monde commercial ? L’album le plus impersonnel du groupe, le moins émouvant ? On va vérifier cela.


« Mais Losing my Religion, c’est quand même super puissant ! »
Eh bien écoute, non. Toi, tu as eu peut-être la chance, aujourd’hui infime, de découvrir la chanson en même temps que de découvrir l’album. Moi, j’ai tout fait pour, et pourtant, la première fois que j’ai écouté Losing my Religion, il n’a pas fallu cinq secondes avant que je me rappelle avoir entendu cette chanson des centaines de fois sans l’avoir vraiment écouté de mon plein gré. Mince alors, j’espère que j’aurais plus de chance avec Enjoy the Silence.
Mais donc c’est ça le problème de cette chanson, on l’a tellement entendu que ce qui paraissait incroyable au départ (l’utilisation de la mandoline) a perdu peu à peu de sa superbe au fil des années. C’est d’ailleurs assez horripilant ces passages ou il gratte si finement la mandoline après les refrains…
Cela dit, je l’avoue, cette chanson reste réussie, grâce à ces paroles si bien déclamées. Bien sûr qu’elle est meilleure que Everybody Hurts et Shiny Happy People, il y a une dimension poétique dans cette chanson, une subtilité même propre davantage à l’ancien R.E.M., ressurgissant de son tombeau pour un dernier éclat. Enfin quoiqu’il en soit, cette chanson ne recevra pour autant jamais l’amour que j’accorde aux autres tubes de R.E.M., que ce soit Radio Free Europe ou What’s the frequency, Kenneth ?.


Après il y a Low. Low… Low Low… Low. Que voulez-vous que je vous dise de plus, c’est Low, la chanson la plus longue de cet album, le genre qu’on écoute une fois puis qu’on passe tout le temps ensuite. Ennuyante, pas intéressante, pas mauvaise, vide surtout. Si je n’aimais pas l’album, je dirais qu’elle résume assez bien l’inspiration du groupe à cette période.


Fiouuu, je vais peut-être remettre 5 finalement !
Non, non. Je l’ai dit et je le répète, cet album n’est pas très bon. Mais si une piste comme Low, je ne vois franchement pas qui peut aimer un tel truc, la suite est remplie de « bonnes pistes » que vous pouvez juste aimer, soit adorer !
Il y a la paire interlude avec Endgame d’abord ! Cette piste est fantastique !!! Sérieux, je la trouve vraiment magnifique. Des « lalala », entouré de violons gracieux et de cuivres rêveurs, R.E.M. nous envoie au paradis, avec Stipe en Jésus qui marche sur les nuages comme il marcherait sur l’eau. Quelle beauté dans ce semi-instrumental, quelle sagesse qui en ressort. La même que celle qu’on ressentait tout au long de Fables, le sage R.E.M., celui qui marche sur le monde avec humilité… Endgame. :)
Mais si Stipe est Jésus, alors Mills est l’affreuse créature des marais quand il fait ses vocales sur Belong. Non mais à quoi il pensait en faisant ses gros « Ohhhhhhh » à répétitions ?? C’est la même chose d’ailleurs sur Shiny Happy People quand il enchaîne les « Tut ! Tut ! Tut ! Tut ! » TROP DÉBILE !
Cela dit, Mills se rattrape carrément bien sur cet album en offrant le rêve de tous fans : Une et même deux chansons ou il prend le chant principal ! Near Wild Heaven et surtout le magistral Texarkana dont je soupçonne Neil Young de l’avoir un peu pompé pour faire I’m the Ocean (si si, écoutez !).
Ces chansons sont originales, et elles sont biens. Elles offrent à l’album un charme particulier qui décolle un peu l'étiquette « commercial ». Bien sûr, il y a toujours les « papapapa » de Stipe sur Near Wild Heaven qui viennent gâcher le jeu, mais il y a aussi ces très belles harmonies… Ca fait rêver tout ça !


Après bien sûr, il y a des pistes moyennes que je n’ai pas parlé qui viennent encore déséquilibrer le ratio bon morceaux/morceaux à jeter (on le calculera tout à l’heure tiens). Je ne crois pas que c’était une très bonne idée d’inviter la miss des B-52’s. Me in Honey est atroce en tout cas, je ne ressens même pas le besoin de dire pourquoi. Mon dieu, réussir à rater l’ouverture et la conclusion sur un même album, il faut le faire. Shiny Happy People est peut-être jolie, mais il y a comment dire, un manque total de, hummmm… subtilité ? D’accord, elle rend heureuse, mais c’est niais ! « HAPPY, LOVE ME, LOVE ME ! », c’est une disgrâce pour des personnes qui ont écrit des paroles aussi superbes que celles de Perfect Circle ou bien des chansons de Fables (n’importe laquelle) !
Mais bon, parfois il ne faut pas grand-chose pour marcher, et Shiny Happy People a une simplicité qui fait mouche malgré tout. Et puis il y a cette vidéo improbable aussi. La danse de Stipe, sa chemise, ses CHEVEUX ! Et Mills qui n’ose pas faire ses « Tut tut », on se demande pourquoi. Non mais c’est trop drôle quoi.


Ce n’est pas mon genre de faire des critiques morceaux par morceaux, mais comme il ne nous en reste plus que deux, allons-y ! Et ça tombe bien car ce sont deux monstres : Half a World Away avec son clavecin à tomber, ses « Hooooooouuuhhhoooooold » de Stipe, ses paroles superbes, et son dernier couplet MERVEILLEUX avec les violons derrière. Quelle beauté ! Quelle grâce ! So far from Heaven, again.
Et Country Feedback, que dire. Encore un morceau trop puissant où Stipe offre toute son énergie sans demi-tour, de manière frontale. Ehh, pas si impersonnel que ça comme album au final. Et puis il y a « You come to me with a bone in your hand », powerful line.


Mon dieu, j’ai tant écrit pour un album qui n’en méritait surement pas autant. Car si on prend le ratio, c’est du 5/4, avec une exception pour les deux gros tubes qui ne m’intéressent pas mais que je ne trouve pas mauvais. Il y a un peu plus de morceaux que j’apprécie, et heureusement que c’est des tueries que j’adore (Endgame, Half a World Away) car les purges à côté sont redoutables (Belong, Me in Honey).
C’est sûr, cet album ne vaut pas du tout celui qui le suivra. Ils n’ont pas grand-chose en commun aussi. Par contre, pour un album commercial, ça fait quand même super plaisir de trouver des perles aussi belles que j’ai nommé. Et si vous voulez vraiment aller critiquer un album commercial, c’est Document qu’il faut aller voir, pas Out of Time.

stevenn33
6
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le 27 juil. 2015

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