Une bonne B.O. dans l'autoradio de la Testarossa pour l'OutRun
Avec ce nom d'album tu m'avais déjà conquis... J'enviais mes petits copains d'avoir la megadrive pour quatre jeux, Sonic, Street Of Rage, Mortal Kombat avec son sang et ses démembrements, et enfin OutRun. Ce jeu était l'un des piliers de la «coolitude» à l'époque d'Albator ou de Dragonball Z. Le genre de jeux qui dans les pubs étaient joués par des blonds en salopette et en casquette rouge mise à l'envers. Tout ce à quoi le petit américain lambda rêvait ; Une Ferrari (Testarossa), du compteur qui affichait plus de 200km/h, des bandes rouges et blanches au bord de la route qui défilaient toujours plus vite, un «timer» stressant, des paysages sortis de séries américaines... Et une blonde – Et ça, dans les années 90, c'était sacrément à la mode! – Bref, OutRun c'est d'abord un concept, symbole de la pop culture vantant le swag à l'américaine.
C'est donc en Ray-ban, en Teddy rouge, et en Nike blazer, que Kavinsky s'est créé son personnage de "Teenager" mort-vivant depuis 1986. Je l'ai attendu cet album. Il faut dire que l'artiste n'avait produit jusqu'ici que trop peu de morceaux... Mais voilà, il y eut Drive. Et forcément faire de la musique de beau-gosse pour Ryan Gosling ça marque les esprits. Nightcall était un vrai tube, et Kavinsky voulait passer le rapport supérieur afin de profiter de ces 30 millions de vues sur Youtube. Fini l'époque où il lui fallait juste faire la première partie des Daft Punk et sortir un EP tous les trois ans... Va maintenant falloir s'y mettre mon petit! Fini les dérapages le dimanche matin sur le parking de Carrefour, dès neuf heures tu seras au studio chez les tontons Thomas et Guyman et tu ne bronches pas! Et histoire de te motiver, tu vas travailler avec ton petit copain SebastiAn – Qui lui fait pas le branleur avec des mitaines en cuir – sur ce dernier album.
Quelques longs mois plus tard, tu nous propose OutRun, treize chansons dont une intro et une outro. Vous me voyez déjà venir... – Et vous avez tout-à-fait raison! – C'est court! Non pas que le nombre de morceaux ne me satisfasse pas, ni même la durée de l'album, mais plutôt que sur treize morceaux, cinq faisaient déjà parti de ses anciens EP. Il m'aurait fallu ne pas connaître ta musique synthétique des années 80 avant Drive... J'en attendais peut-être un peu trop de ta part, je dois t'avouer qu'en découvrant la tracklist de l'album j'ai été déçu. Les gens constamment blazés qui n'aiment rien me font chier et je ne vais pas commencer à le devenir. Qu'on se le dise l'album est bon. Les sonorités bien métalliques qu'on lui connait sont bien présentes. Il y a du rythme à l'exécution, et quelques fois de petits riff de guitare électriques qui nous feraient de nouveau écouter du Prince (Blizzard et First Blood). Des sons biens plus électroniques évoquant la vitesse et la belle carrosserie brillante et lisse de la Testarossa (Testarossa Autodrive, Grand Canyon, Deadcruiser). Des morceaux retraçant la conduite risquée du Teddyboy, ces dérapages sous la pluie, ces courses poursuites (Roadgame, Rampage, Protovision, Suburbia). Et enfin des morceaux un peu plus lents et nostalgiques, où le driver empoigne avec force et tristesse son volant, ressassant les souvenirs qu'il a de lui caressant la chevelure dorée de sa blonde (Nightcall, Odd Look, Endless). L'album se présente comme la bande originale de la vie du TeddyBoy, amenant à la fois une atmosphère qui lui est propre mais qui n'exhibe aucun lien évident entre ses tranches de vie. La volonté de Kavinsky de créer une mythologie autour de son personnage, à travers Prélude et Endless, n'est clairement pas suffisante, et laisse une certaine frustration voire un goût d'inachevé en travers la gorge. Je te mets 7 pour ta fainéantise! « Il a de bonnes notes mais il peut mieux faire », dommage!
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