Mieux vaut le son que la pochette
Après écoute du Chant des Sirènes pendant plusieurs mois, j'ai décidé de me mettre au premier album du petit prince du rap français, Orelsan, le fameux Perdu d'Avance. Déjà je me permet de parler un peu d'Orelsan. Devenu connu pour son fameux morceau « Sale Pute » et la polémique ridicule qui s'en est suivit, Orelsan souffre typiquement de la maladie des rappeurs connus : être considéré comme commercial. En même temps, il faut reconnaître qu'Orelsan est commercial, non pas comme un défaut, comme si il visait ce succès, mais plutôt dans le fait que ses textes et son flow sont facilement accessibles pour le grand public. Pourtant, dans son malêtre d'animal blessé par une vie humaine qu'il cherche à fuir, je retrouve un petit côté Klub des Loosers, sans le même culte du nihilisme cependant.
Orelsan c'est ça, un bon rappeur trop vite adulé qui lui amène l'inimitié d'un paquet de rageux qui ne prennent pas le temps d'écouter réellement et de juger avec profondeur l’œuvre du rappeur.
Du coup, ce premier album je l'ai écouté en fonction du second. Je l'ai trouvé moins « grand public » que le premier, car tout simplement plus vulgaire, plus agressif. A titre personnellement tous les morceaux me plaisent. Plusieurs m'ont touché particulièrement, même si c'est évident qu'ils avaient été composés pour faire cet effet. A titre d'exemple, on peut citer Changement, Soirée Ratée, Gros Poisson dans une petite Mare ou encore 50 Pourcent (qui est juste divin).
Les instrus sont particulièrement sympathiques. Des morceaux d'une bonne puissance même si ils manquent bien souvent de la petite nuance qui aurait permis de les rendre parfaitement bon. Ils restent cependant bien au-dessus de la moyenne.
Les textes sont également très agréables, même si on regrette un côté égo-trip qu'Orelsan critique pourtant. En réalité, il ne montre pas assez souvent différent visages, trop souvent c'est le même type de point de vue ce qui peut finir par lasser l'auditeur. Le second album corrigera ça en offrant des points de vue très différents sur des problèmes qu'Orelsan adore traiter (l'échec de la vie professionnel, la solitude, les femmes faciles, les ruptures). Par moment l'album respire le jeune de 20 ans qui veut se rebeller mais n'a plus suffisamment de naïveté pour espérer encore réaliser une révolution.
Au final, l'album est rapidement écouté, vite aimé mais sans pour autant provoquer un vif coup de cœur tel qu'il devrait car il est pourtant très bien réalisé, très bien pensé, très bien fait. L’échec vient peut être de la simplicité de cet album, forcément lié à sa condition de premier album. Une amélioration qui aura lieu via un second album d'avantage réfléchi.
Une seule question me vient au lèvre : malgré tout son talent, combien de temps Orelsan souffrira-t-il de son image de Rappeur grand public ?