Question existentielle : à bientôt 70 ans, quasiment 20 albums (l’addition des albums avec Pink Floyd à partir de A Saucerful of Secrets et de ses albums solo), plus de 50 ans de carrière, des succès historiques…(la liste pour être longue), a-t-on encore quelque chose à dire ou assez d’idées (des bonnes évidemment) pour sortir un album en 2015 ?
Lorsque le premier extrait éponyme a été dévoilé, bien que nous ne savons pas si l’idée d’emprunter le jingle de la SNCF soit réellement la sienne (aux abords de la Gare TGV d’Aix-En-Provence comme la légende le raconte) ou une stratégie marketing bien ficelée par la maison de disque, David Gilmour, guitariste de talent et membre éminent du groupe Pink Floyd, s’est retrouvé invité à votre table aux infos de 20h, car ce filou génie a eu la folle idée de faire un titre en remplaçant ses célèbres coups de guitare, par le sample d’une voix féminine à 4 notes qui, pour nous français, est annonciateur d’une mauvaise nouvelle certaine (des retards, encore des retards…), mais sortant de sa péniche-studio d’enregistrement Astoria, relève du génie. Et bien que le titre soit d’une pauvreté abyssale, le coup a fonctionné, puisque l’album est arrivé directement à la première place des charts français.
Puis, on ne peut pas dire que Gilmour ait chômé ces dernières années ; outre la sortie de ce nouvel album solo (son quatrième, 9 ans après On The Island), il a, avec son comparse du groupe, le batteur Nick Mason, sorti l’an dernier The Endless River, un « album de Pink Floyd » en hommage à Richard Wright, le claviériste (et, trop souvent oublié au profit de Gilmour ou Waters, véritable source d’inspiration pour beaucoup de groupes des années 1980 dont ceux de la New Wave) du groupe décédé en 2008. Un album à la sympathie et la nostalgie certaine, mais qui ne présentait véritablement pas un grand intérêt musical.
Sur Rattle That Lock, David Gilmour semble encore vouloir titiller notre nostalgie « Pink Floydienne », avec quelques titres, non pas psychédéliques, il est sûrement « trop vieux pour ces c-nneries » comme dirait Danny Glover, mais aux longues notes de synthés comme sur Faces The Stone, ou plus récentes, plus « The Division Bell » sur And Then… ou l’enchaînement de In Any Tongue et de Beauty.
Malheureusement, ces rares moments sont les seuls jouissifs de ce projet. Certains titres comme Dancing Right In Front Of Me, Today ou The Girl In The Yellow Dress nous donneraient presque envie d’arrêter l’écoute de l’album sur le champ. Au final, cet album, très inégal, contient des moments agréables relevant plus de la nostalgie que du plaisir réel.