Déjà en 2013, j'étais tombé immédiatement amoureux de Reflektor, cet album tordu que ces blancs-becs d'Arcade Fire étaient partis enregistrés loin de Montreal, dans les restes d'une Haïti dévastée par un tremblement de terre gigantesque. Haïti avait retrouvé à l'époque la place peu convoitée de pays le plus pauvre du monde.
Avec un morceau introductif qui reprend tout ce que la pop mondiale fait de mieux : des tambours afro-caribééens, des synthés, du sax qui dégouline, un chant en français, une production de James Murphy et un cameo de David Bowie. A force d'appuyer sur la touche "précédent", je me rappelle que je n'avais pas réussi à démarrer correctement l'album avant une bonne demi-journée. Un démarrage sur les chapeaux de roue qui prouve que si j'aime bien la touche shuffle, je suis pas très doué avec la touche repeat.
Le reste de l'album est du même acabit. Avoisinant l'heure et demi, il n'y a pas grand chose à jeter. Je vais pas vous faire la description des morceaux à base d'expressions pas piquées des hannetons. Mon moment préféré c'est quand à la fin du premier disque, le deuxième te relance dans une direction que tu n'avais pas prévu, telle une boule de flipper possédée. Avec des morceaux moins évidents, c'est pourtant cette deuxième partie qui finit de transformer Reflektor en grand disque. Un disque qui s'analyse lui-même à mi-chemin.
Je crois que c'est finalement mon album préféré d'Arcade Fire, le meilleur disque des années 2010 (so far comme ils disent à Stereogum) et surtout un sacré chef-d’œuvre. Je lui colle 10/10, trois ans après. BIM !
Je crois que c'est finalement symptomatique de l'auditeur que je suis et de la musique que j'aime écouter. Reflektor découle directement de Gorillaz et de LCD Soundsystem, pas en matière de sons mais de libertés d'influences. Parce qu'évidemment sur Wikipedia, ils disent qu'ils sont allés puiser dans la musique brésilienne, haïtienne et cie. C'est probablement vrai, puisqu'ils le disent - bien que je mets un point d'honneur à ne jamais écouter l'opinion d'un musicien sur sa propre musique - mais c'est surtout la suite logique d'une époque. Une époque merveilleusement ambigüe où quand quelqu'un te demande "t'écoutes quoi comme musique ?", on hésite toujours à répondre "de tout" ou "ta gueule".