"Senjutsu" est un album qui se mérite. Derrière cette phrase un peu cliché,, se cache une vérité qui m'est apparue comme on ne peut plus appropriée pour ce disque.
J'écoute cet album tous les jours depuis sa sortie le 3 septembre et je dois avouer que les premières écoutes se sont révélés frustrantes tant elle me laissaient circonspect.
Et puis petit à petit, les structures des morceaux, les intentions du groupe ainsi que l'homogénéité du disque se sont imposés à moi, pour mon plus grand plaisir.
Je passerai sur les questions de prod., de mixage, ou encore de redondance avec d'autres morceaux passés du groupe, tout cela ne me fait guère d'effet, tant cela n'affecte en rien mon plaisir d'écoute. Ce sont à mon sens des axes de critiques trop pointilleux pour l’auditeur (et le fan, avouons-le) primitif que je suis et que je tente à tous prix de rester.
Ceci étant dit, allons-y pour un tour de chaque piste de ce disque :
-D'abord des percussions guerrières, un riff sur un rythme tribal, puis déboule Mr Dickinson, impérial, doublé à la gratte à l'unisson, un gimmick qui reviendra tout au long de l'album.
Les guitares ont un son assez original sur certains passages et le morceau évoque bien son sujet guerrier, Smith terminent cette première offrande en faisant pleurer et crier sa gratte avec une grâce démente.
-Les toms de Nico déboulent dans la foulée et on se retrouve en pleine cavalcade maidenienne comme je les aime, Dickinson y est hyper puissant, "Stratego" est un morceau qui m'a paru anodin à le première écoute mais qui s'est révélé par la suite une vraie réussite, pourvu d'un super riff, un des rares morceaux courts de l'album, et dont j'apprécie l'intensité et la fièvre.
-Arrive ensuite l'intro en guitare sèche de "Writting on the wall", le titre découvert avant la sortie de l'album. On a à faire à un grand moment du disque, sans doute un futur hit en live. Les guitares articulent un riff ultra mémorisable, Bruce y est tout en agressivité, la compo est d'un équilibre parfait et Adrian Smith la conclue avec une maestria jouissive.
-"Lost in a lost world" est un titre assez moyen, ni la rythmique ni le refrain ne m'emballent,il possède en soi un pont assez agréable, purement maidenien, mais c'est un morceau trop répétitif pour ce qu'il aà offrir malgré l'intro et l'outro magnifiquement chantés par Bruce.
-Bien rentre-dedans, "The day of the future past" va à l'essentiel (4 : 03 mn), offrant une respiration plaisante au milieu des titres plus longs, pour autant, il reste anecdotique au sein de "Senjutsu".
-"The time machine", malgré un riff post refrain ouvertement autoplagié, est un titre malgré tout original dans son ensemble, s'articulant sur pas mal de plans différents, offrant des ambiances variées, ce titre protéiforme décuple son intérêt d'écoute par cette diversité et sa généreuse ampleur pour un grand plaisir d'écoute.
D'emblée un sentiment de mélancolie s'empare de moi à l'écoute de l'intro de "Darkest hour", renforcé immédiatement par les paroles qui s'inscrivent dans cet esprit de tristesse. Avec cette intro lourde en émotion, ce refrain plein d'amertume suivi de ce magnifique solo, on a à faire à un titre majeur du disque, une perle qui brille par sa magnifique simplicité, pas une note de trop, parfait.
-La basse bien ronde donne du corps à "The death of the celts", pur morceau signé Harris, de nouveau dans le domaine guerrier, d'abord une intro calme, le thème est ensuite relayé par un riff soudain, avant un pont magistral où la rythmique entrainante nous amène à un enchainement de soli qui s'imbrique bien à un ensemble assez classique, qui a fait ses preuves, un bon morceau.
-Encore une longue intro calme pour introduire le morceau fleuve de l'album, il est composé d'entrelacement de leads, de ponts, et de soli, reposant sur une solide structure, superbement agencé, se répétant à l'envie, un régal.
-L'album se conclue par "Hell on earth" de toute beauté, chacune de ses composantes, très différentes (pas de refrain se répétant), formant un tout d'une majesté effarante, entre colère et cri d'amour (cf les 4 derniers vers), le groupe articule ses plans de façon tellement belle que le morceau atteint immédiatement à mes yeux le statut d’œuvre majeure au sein de "Senjutsu" et même de la longue discographie du groupe, tout bonnement.
En conclusion, les 10 titres de cet album forment un tout d'une cohérence artistique admirable, et malgré quelques titres plus anecdotiques, "Senjutsu" est un superbe album, à l'artwork très réussi, une offrande inespérée de la part d'un vieux briscard comme Maiden.