Habituellement…une chronique se doit d’être avant tout professionnelle! C’est-à-dire : aller droit au but, parler de la musique, éventuellement parler de l’histoire du groupe de façon rapide au moment du disque histoire de replacer le contexte. Mais parfois, il arrive que certains chroniqueurs par mégalomanie (ou parce qu’ils ne savent pas trop quoi dire sur le disque?) se complaisent dans ce genre de paragraphes introductifs un poil inutiles où ils ressentent un besoin maladif d’expliquer leur rapport avec le groupe chroniqué. Pourquoi donc le faire? Et pourquoi cela serait susceptible d’éclairer le lecteur sur l’éventuelle qualité de la dite musique? Parce que j’ai l’habitude de chroniquer des groupes que je vénère, et le plus souvent des chefs d’œuvres relativement inattaquables! Et Muse n’étant pas un groupe dont je suis vraiment « fan » (au sens fanatique du terme) et dont la musique ne fait pas toujours l’unanimité (surtout en France) de façon globale et est presque autant encensée que décriée par les critiques, je me suis dit : hey! et si je prenais la peine de me chroniquer tous les albums de Muse sortis à ce jour? Ça pourrait être un exercice intéressant, et ça me donnera l’occasion d’écouter le premier album que je n’ai jamais eu le courage de me farcir et de me le chroniquer à chaud (ce que je ne fais jamais d’habitude), ainsi que son petit frère : « Origin of symmetry » écouté jusqu’alors de façon distraite.
Venons-en au disque donc! Muse est, à cette époque, un groupe de rock relativement lambda…mais prometteur! Il se réclame de la scène grunge du début des années 90 (Nirvana et compagnie) et semble bien déterminé malgré son jeune âge, à mener une belle carrière digne de ce nom. Ce côté ambitieux (encore un peu loin des excès de grandiloquence tant critiqués par la suite mais nous aurons l’occasion d’en parler plus en détail) est clairement palpable par moments sur des morceaux tels que « Sunburn », « Muscle Museum » ou encore le morceau titre « Showbizz » où on comprend que le groupe n’a vraiment pas grand chose à voir avec Nirvana…fût-ce quelques saturations éventuelles par-ci par-là et encore assez discrètes… Ici, le groupe joue une sorte de rock progressif…avec des montées dans les aiguës de Bellamy manquant encore un peu de maîtrise mais relativement osées qui ont le mérite de poser dès le départ des influences solides : celle de Queen étant dès le départ la plus évidente et ne les quittera jamais de toute leur carrière par la suite.
On alterne ainsi de façon plus ou moins invariable des passages mous (chiants?) avec des secousses un peu plus énervées où la guitare s’en mêle et balance quelques riffs malheureusement bien vite oubliables la plupart du temps. Historiquement parlant, le disque reste néanmoins un témoignage intéressant de ce que le groupe parvenait à faire avec une prod clairement moins moderne et précise que par la suite. On sent déjà le potentiel tubesque du groupe sur certains rares morceaux comme ce « Sober » aux refrains assez accrocheurs notamment. On relèvera également « Unintended » une très jolie ballade avec un piano mélancolique et une finesse vocale rarement atteinte par Matthew Bellamy…un des rares morceaux du disque à mériter la comparaison avec Radiohead…groupe avec lequel le groupe n’a vraiment pas grand chose à voir…faudra vraiment m’expliquer le délire de certains critiques sérieusement…si leur influence est un poil présente sur certains albums à venir (le fameux « The 2nd Law » notamment) elle est clairement absente ici!
Comme déjà dit plus haut : c’est clairement du côté de Queen qu’il faut chercher les influences du groupe, Muse sonne plus ici comme un petit frère moderne (et beaucoup moins doué) du groupe phare de Mercury. Comme je l’avais déjà pressenti…les débuts de Muse sont très clairement surestimés par rapport au reste de leur carrière, pour beaucoup de critiques le groupe a cessé de faire de la bonne musique après leur second disque et celui-là est clairement un de leur tous meilleurs albums. Permettez-moi d’en douter…certes le groupe s’est quelque peu « compromis » (hum…) dans un rock de stade légèrement déshumanisé par moments, mais sérieusement je préfère encore cet aspect là du groupe que celui-ci : à savoir une bande de jeunes amateurs avec quelques bonnes idées mais ne parvenant pas à donner trop de consistance et de diversité à leur musique. En ce qui me concerne j’ai eu l’impression d’entendre un peu toujours le même morceau, l’écoute n’est pas désagréable mais manque singulièrement d’accroche par rapports à certains exploits futurs du groupe…et la production encore une fois manque de finition.
Un premier album assez prometteur…mais assez linéaire et manquant singulièrement d’accroche donc. La suite de la saga Muse très prochainement avec : « Origins of symmetry ».