En voilà une bonne surprise... Moi qui m'attendais à entendre là un de ces trucs post-folk pompeux, ennuyeux, bien dans l'air du temps, pour Hipsters suivistes. Et bien non mon lapin, il fallait juste écouter le disque.
Et une bonne claque rock'n roll mon cher, une! Prends ça. C'est qui cette Courtney bon sang? Et en plus, elle est belle. Miaou... De cette audace à te faire péter à la gueule de ces accords barrés bien sentis, punk-rock, mélange de grandiloquence, de plaisir et d'urgence à jouer un rock'n roll sec et bienveillant pour les oreilles, et de simplicité authentique bienvenue (exemple parmi tant d'autres : « Aqua Profunda »), ...pan!
Courtney, c'est donc des phrasés de guitare rock géniaux. C'est aussi un curieux style chanté-parlé (« Dead Fox »), comme une obligation vitale à raconter une histoire que la chanteuse déverse comme un trop-plein d'émotions qu'elle aurait sur le cœur, et une nouvelle religion musicale qu'elle me marque sur la peau, comme un prosélytisme qu'elle imposerait inconsciemment, malgré elle. La section rythmique est implacable, honnête, directe, droite dans des bottes de cuirs ; les riffs impeccables de simplicité, de justesse, de rondeur, de bonheur.
De cette subtilité rock féminine, paradoxalement virile et tout en finesse, sexiste, bougrement sexuelle, propre à l'église de P.J Harvey (« Nobody Really Cares If You Don't Go To The Party »).
"Elevator Operator" et "Pedestrian At Best" ne peuvent que convaincre immédiatement l'auditeur rock moyen, même si parfois, l'alchimie semble s’essouffler quelque peu (« Debbie Downer »).
Mais l'ensemble sonne tout de même diablement « vrai ».
Bon sang, mais comment décrire ce sentiment, cette impression d'honnêteté ? Si l'on s'arrête un moment sur la propension qu'on les groupes de pop et de rock actuels à choisir un producteur pour son pedigree et la qualité de son travail, ainsi que sur la complaisance qu'ils ont à utiliser toutes les pistes possibles pour rajouter un foisonnement indigeste d'effets propres à une musique censée représenter bien des aspects du monde moderne, au point de noyer et polluer leur son originel, cet album pourrait presque faire figure de manifeste punk, par la qualité des riffs saillants, incisifs, des solos hardcores, à la fois saturés et mélodiques (« Kim's Caravan »), et d'un "tout" d'une grande homogénéité, tranchant et jouissif.
L'album se termine comme il faut, sur un « Boxing Day Blues » tout en finesse. Guitare folk-blues au grain rare, crasseux, clair et pur. Pour le chant, on pense à Alison Mosshart, mais en moins tendu, moins intense. C'est plus léger, plus libéré, plus enfantin aussi, moins mature, et moins chargé en cigarettes.
Encore un disque qui me soulage : il y a toujours du bon rock en 2015.